mercredi 28 janvier 2015

L'anguille électrique paralyse ses proies à distance

Grâce à l'utilisation d'impulsions électriques, un poisson-prédateur contrôle puis immobilise ses prises à quelques centimètres de distance.
Comment l'anguille électrique Electrophorus electricus parvient-elle à repérer et à paralyser ses proies dans les eaux boueuses d'Amazonie ?
Kenneth Catania, de l'université Vanderbilt, aux États-Unis, vient de montrer que l'animal utilise différentes impulsions électriques qui contractent à distance les muscles de ses proies [1].
Dans un premier temps, le biologiste a observé les anguilles dans leur milieu naturel afin d'analyser leur technique de chasse et d'enregistrer les impulsions électriques qu'elles émettent. Résultat : elles utilisent des impulsions de faible intensité pour provoquer la contraction involontaire des muscles de leurs proies, le plus souvent des poissons. Les anguilles perçoivent alors les perturbations dues à ces contractions grâce à des organes sensoriels présents à la surface de leur corps. Une fois leur proie localisée, elles produisent des impulsions plus intenses pour les paralyser complètement avant de les avaler.
Soupçonnant le cerveau du poisson de déclencher les contractions musculaires, le biologiste a ensuite placé un poisson, dont il avait préalablement retiré le cerveau, avec une anguille dans un aquarium équipé de caméras à haute vitesse et d'un système permettant d'enregistrer les signaux électriques. Alors que les deux espèces étaient séparées par une barrière de gélatine opaque perméable à l'électricité, Kenneth Catania a encore observé des contractions des muscles du poisson, 3 millisecondes après l'émission des premières impulsions électriques.
Neurones activés
Cette découverte était intriguante. Chez les animaux, les mouvements musculaires sont en effet commandés par le cerveau, principal organe du système nerveux. Alors, comment l'anguille parvient-elle à induire les mouvements de sa proie ? Pour mieux comprendre ce phénomène, le biologiste a ensuite répété l'expérience en retirant également la moelle épinière du poisson - qui permet la conduction des messages entre les nerfs qui lui sont rattachés et le cerveau - tout en prenant soin de conserver ses neurones moteurs. Il a alors constaté les mêmes contractions musculaires chez le poisson que celles précédemment observées.
Les impulsions électriques émises par l'anguille activent donc directement et à distance les neurones moteurs attachés aux muscles de ses proies, engendrant ainsi leurs contractions involontaires. « Une fois repérées, les victimes de l'anguille ont peu de chances d'en sortir vivantes », conclut Kenneth Catania.

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