mardi 19 mai 2015

La Chimiothérapie

I Introduction

La chimiothérapie est la méthode la plus fréquemment utilisée pour le traitement des cancers avec la radiothérapie et la chirurgie. Elle désigne l’ensemble des traitements médicamenteux ayant pour but de détruire les cellules cancéreuses, d'empêcher leur multiplication et de soulager un certains nombre de symptômes, notamment la douleur…

Après avoir expliqué ses mécanismes d'action et les principales substances utilisées, nous verrons que ce traitement présente aussi beaucoup d'effets indésirables sur les cellules saines. Alors quelles sont véritablement les limites de la chimiothérapie et est-il possible de diminuer les effets secondaires du traitement sans en diminuer l'efficacité ?


II Mécanisme d'action

Le corps humain est constitué de millions de cellules dont les tailles, les formes et les fonctions sont très diverses.

Dans un tissu sain, de nouvelles cellules sont créées au cours d'un processus de division cellulaire appelée mitose, lorsque la cellule est trop vieille, elle s'autodétruit et meurt au cours d'un processus appelé apoptose.

Un équilibre fragile existe donc entre le nombre de nouvelles cellules créées et le nombre de cellules qui disparaissent chaque jour. Lorsqu'un cancer se développe, cet équilibre s'en trouve rompu et les cellules commencent à se développer de manière anarchique .

La chimiothérapie est un type de traitement qui fait appel à des médicaments très forts permettant de stopper la croissance des cellules cancéreuse .












La chimiothérapie peut être proposée avant une chirurgie: la chimiothérapie néo adjuvante ; après une chirurgie : chimiothérapie adjuvante ou pour traiter des métastases (croissance d'un organisme pathogène ou d'une cellule tumorale) : chimiothérapie métastatique.

Mais contrairement aux idées reçues, la chimiothérapie ne détruit pas à elle seule une tumeur. En plus de ces effets directs, appelés cytotoxiques, sur les cellules cancéreuses, elle permet de mobiliser le système immunitaire du patient contre sa tumeur :








III Diverses voies d'administration

La chimiothérapie peut s'administrer de diverses façons ; elle peut être administrée par voie orale ou par voie intraveineuse sous la forme d'une perfusion .
Une fois les médicaments à l’intérieur de l'organisme, ils se mettent à détruire les cellules cancéreuses en les empêchant de croître ou de se multiplier au cours de la mitose.
Les médicaments utilisés tuent ces cellules en agissant sur l'ADN, sur l'ARN ou sur les protéines des cellules, pour bloquer certaines étapes de la division cellulaire : ceux qui agissent sur l'ADN peuvent se coupler à ses bases, s'intercaler entre elles et ainsi ouvrir la double hélice ou provoquer la formation d'oxygène, qui casse le filament d'ADN. Certains médicaments agissent dans la synthèse des macromolécules protéiques, d'autres bloquent l'action des enzymes chargés de réparer les cassures de l'ADN.

En fonction du stade où le cancer est arrivé, la chimiothérapie peut guérir le cancer, l'empêcher de se propager ailleurs et/ou soulager les symptômes .

1) Par voie orale

Les chimiothérapies orales font partie des beaux succès scientifiques de cette dernière décennie. En effet, elles ont permis d'améliorer la qualité de vie des patients et de leur donner une plus grande autonomie : c'est d'ailleurs pour cela que ceux-ci la préfère (plus de 80 %) . Cependant, ce type de traitement présente des avantages… et des inconvénients. Cette chimiothérapie se prend sous la forme de simples comprimés ou de capsules que l'on avale avec un grand verre d'eau . Elle évite ainsi tout le stress et les inconvénients liés aux piqûres : la peur, mais aussi la pose d’une chambre implantable comme c’est généralement le cas pour les traitements classiques. Ainsi, elle permet d’échapper au bloc opératoire et à l’ anesthésie générale.
De plus, ces traitements ont l'avantage d'avoir une action ciblée. Les concentrations de produits actifs sont plus importantes dans les cellules cancéreuses que dans les cellules saines ce qui permettrait d'obtenir de meilleurs résultats .
Bien qu'ils soient moins importants, les effets secondaires de cette voie d'administration ne disparaissent pas pour autant.

2) Par voie intraveineuse

A l’heure actuelle, la plupart des traitements par chimiothérapie sont administrés par perfusion le plus souvent en utilisant une chambre implantable aussi appelée PAC, chambre de chimiothérapie, site implantable ou « dispositif intraveineux pour perfusion avec réservoir sous-cutané ».

Un traitement par chimiothérapie nécessite en effet de réaliser des perfusions à intervalle très régulier, le plus souvent pendant plusieurs mois de suite à l’hôpital mais sans hospitalisation complète .



Pour faciliter ces injections et éviter d’abîmer les veines du bras, il est proposé au patient par l’équipe soignante de poser ce PAC, petit appareil implanté sous la peau qui est muni d’un fin cathéter directement introduit dans une veine.

En règle générale, le cathéter se situe en haut de la poitrine. Son extrémité extérieure est conçue pour être reliée à la perfusion .








Quel qu’il soit, un traitement par chimiothérapie est adapté à chaque patient. Cela explique que, pour un même cancer, les médicaments prescrits, les doses et le rythme d’administration peuvent être différents d’une personne à une autre.
C’est aussi la raison pour laquelle les conditions de réalisation du traitement peuvent différer. Certaines chimiothérapies nécessitent de se rendre à l’hôpital alors que d’autres peuvent être réalisées à domicile .

3) Par photo-chimiothérapie

Ce procédé consiste à détruire les cellules cancéreuses par laser (rayonnement lumineux), après les avoir sensibilisées à la lumière par l'injection d'un produit photosensibilisant.

Cette méthode a des indications précises et limitées :
  • Elle ne s'applique qu'à des tissus qui laissent passer la lumière du laser (ce qui n'est pas le cas des mélanomes malins par exemple).
  • Elle s'adresse à des petites tumeurs qui sont en général des récidives sur des zones déjà irradiées et situées dans des conduits à l'intérieur desquels on peut introduire une sonde pour vaporiser le laser (bouche, Å“sophage, intestin).
  • Elle a également des indications dans certaines tumeurs cérébrales non accessibles à la chirurgie
La photo-chimiothérapie est moins agressive pour le patient, surtout lorsqu'il est âgé.

IV Principaux médicaments utilisés

Il existe plus d'une cinquantaine de médicaments différents susceptibles d’être utilisés dans un traitement de chimiothérapie.
On distingue plusieurs catégories en fonction de leur action :
Les antimétabolites inhibent la synthèse de l'ADN ou de l'ARN. Le plus connu est le méthotrexate. Dans cette classe, on trouve aussi le 5-fluorouracile et la cytarabine.
  • Parmi les traitements empêchant la division cellulaire se trouvent :
    • les taxanes comme le paclitaxel ;
    • les vinca-alcaloïdes dont la vinblastine et la vincristine.
  • D'autres médicaments inhibent des enzymes responsables du traitement macromoléculaire de l'ADN. Parmi eux se trouvent plusieurs classes médicamenteuses :
    • les anthracyclines telles que la daunorubicine (Cerubidine), la doxorubicine (Adriamycin) et l'épirubicine.
    • les épipodophyllotoxines dont l'étoposide et la téniposide.
    • les camptothécines avec l'irinotecan et le topotecan.
  • Les médicaments qui altèrent l'ADN des cellules cancéreuses déjà matures sont :
    • des agents alcoylants comme le chlorambucil, la cyclophosphamide, et la procarbazine,
    • des dérivés du platine tels que le carboplatine et le cisplatine.
Il faut préciser que certains médicaments tels que les anthracyclines sont limités quant à la quantité totale qu'il est possible d'administrer au cours d'une vie. En effet, leurs effets secondaires affectent directement certains organes vitaux (cœur et poumons).
Remarque : les traitements hormonaux comme le tamoxifène rentrent davantage dans les traitements appartenant à l'hormonothérapie.

V Effets indésirables
Les traitements de chimiothérapie n’étant pas uniquement ciblés sur les cellules cancéreuses, ils peuvent malheureusement aussi détruire des cellules saines au moment de leur propre prolifération.

Ces effets secondaires pourront être extrêmement différents en fonction du type de médicament, de la dose, de l'état de santé général du patient, etc.
Ils peuvent survenir à n'importe quel moment du traitement : on parle d'effets secondaires immédiats ou différés. Néanmoins, la plupart disparaissent rapidement à l'arrêt du traitement (rares sont les effets tardifs qui font leur apparition des mois après le traitement et ceux qui persistent).
Chaque molécule de chimiothérapie possèdant ses propres effets secondaires, ceux-ci peuvent être plus ou moins graves et marqués. Ils dépendent également du patient, chacun pouvant réagir différemment au traitement.
Ces principaux effets secondaires sont (liste non exhaustive) :
- des troubles digestifs ( nausées, constipation, diarrhées )
- des troubles hématologiques ( thrombopénie, leucopénie )
- des troubles de la croissance des cheveux et des ongles
- des troubles neurologiques
- des troubles des muqueuses ( aphtes, mucites, sécheresse oculaire )
- des troubles cardiaques
- des troubles hépatiques
- grande fatigue
- des troubles psychologiques ( stress, dépression )
Ces effets secondaires n’apparaissent pas tous en même temps et ne sont pas liés à l’efficacité de la chimiothérapie. Certains peuvent être limités, voire même évités par des médicaments et des soins adaptés.
D'énormes progrès ont été faits ces dernières années pour améliorer le confort des personnes traitées par chimiothérapie.

VI Efficacité et résistance

 Toutefois, les limites de la chimiothérapie apparaissent clairement puisqu'elle rencontre aujourd'hui certaines résistances. Ces résistances peuvent être naturelles ou acquises et peuvent surtout s’expliquer par plusieurs phénomènes :

  • les transporteurs membranaires expulsent le médicament hors des cellules. La concentration du médicament dans le milieu intracellulaire diminue et son efficacité aussi.
  • apparition de mutations génétiques dans les cellules tumorales qui échappent ainsi au vieillissement (ou sénescence) cellulaire induit par la chimiothérapie.
  • certaines molécules ne parviennent pas jusqu'à certaines tumeurs très peu vascularisées ou à des tumeurs sanctuaires difficiles d'accès telles que les tumeurs cérébrales pour lesquelles certains médicaments ne traversent pas la barrière hémato-encéphalique.

Ainsi la résistance de certaines tumeurs à la chimiothérapie entraîne parfois la rechute des patients et les nombreux effets secondaires liés à la chimiothérapie sont également des facteurs limitants de par leur toxicité sur les cellules saines.

VII Conclusion

La décision de faire appel à un traitement chimiothérapique ou non n'est pas anodine. Renoncer au traitement peut en effet accroître la mortalité et l'accepter peut prolonger une vie mais en s'accompagnant d'importants effets secondaires.

Les perspectives de la chimiothérapie seraient donc dans le principe d’une thérapie ciblée visant uniquement à éliminer la tumeur sans endommager les cellules normales du patient. On peut donc imaginer des stratégies futures développées sur des traitements beaucoup plus ciblés
qui ne toucheraient que les cellules cancéreuses.
Un programme français sans équivalent dans le monde baptisé AcSé ( Accès Sécurisé à des thérapies Ciblées innovantes) permet aujourd'hui à des patients privilégiés de bénéficier d'un accès sécurisé à des thérapies ciblées innovantes.

Sitographie


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