ANTIBIOTIQUES
ET ANTIVIRAUX
Nous
connaissons tous les antibiotiques parfois aussi les antiviraux mais
savons-nous vraiment sur quels types d’infections ils agissent ?
qu’est qu’une bactérie ? un virus ? quels sont les
effets de ces molécules ? comment sont-ils prescrits ?
comment sont-ils employés dans la lutte contre les maladies
bactériennes ? virales ? quand sont-ils apparus sur le
marché pharmaceutique ? pourquoi la recherche se
poursuit-elle ? Pourtant l’apparition des antibiotiques et
antiviraux a permis de faire considérablement augmenter la durée de
vie dans les pays ayant accès à ce type de traitement. Cependant
une mauvaise utilisation de ceux-ci provoque des mutations au sein
des bactéries et des virus qui deviennent ainsi plus résistants.
Tout
d’abord nous allons nous intéresser aux antibiotiques, première
molécule inventée pour lutter contre les bactéries, puis aux
antiviraux employés dans la lutte contre les virus. Enfin nous
verrons les conséquences qu’ont eu ces molécules dans les progrès
de la médecine et les mutations provoquées dans les virus et
bactéries qui obligent les laboratoires, les médecins et les
patients à utiliser ces traitements avec prudence.
- ANTIBIOTIQUES ET BACTÉRIES :
La
bactérie est un micro-organisme ubiquiste1,
unicellulaire et sans noyau (procaryote) dont le génome est
constitué d'ADN. Celui-ci consiste en un seul chromosome, et on note
éventuellement la présence de plasmides (petit morceau d'ADN
circulaire). L'ensemble des bactéries forme le règne des
eubactéries (Eubacteria). Le règne bactérien est dû à la
rapidité avec laquelle une bactérie peut se multiplier, en effet
celle-ci a la capacité de doubler le nombre de colonies en une
demi-heure.
Certaines
bactéries peuvent être pathogènes. Chez l'Homme, les symptômes
d'une infection bactérienne sont similaires à ceux observés lors
d'une infection virale (éruption cutanée, toux, écoulement nasal,
larmoiement, fatigue, nausées, fièvre et douleurs musculaires).
Parfois, elles sont mortelles. Les infections bactériennes peuvent
être traitées avec des antibiotiques.
Schéma
fonctionnel d’une bactérie
Un
antibiotique (du grec anti : « contre », et bios : « la vie »)
est une molécule naturelle ou synthétique qui détruit ou bloque la
croissance des bactéries. Dans le premier cas, on parle
d'antibiotique bactéricide et dans le second cas d'antibiotique
bactériostatique. Un grand nombre d'antibiotiques sont des molécules
naturelles, fabriquées par des micro-organismes : des champignons ou
d'autres bactéries. Ces dernières les produisent pour éliminer les
bactéries concurrentes avec lesquelles elles sont en compétition
dans leur biotope3.
Les
antibiotiques agissent de manière spécifique sur les bactéries, en
bloquant une étape essentielle de leur développement : synthèse de
leur paroi, de l'ADN, des protéines, ou la production d'énergie,
etc.
L'introduction
généralisée des antibiotiques après la seconde guerre mondiale a
été l'un des progrès thérapeutiques les plus importants du XXe
siècle. Les traitements antibiotiques ont fait progresser
l'espérance de vie de plus de dix ans, soit plus qu'aucun autre
traitement médical. Cependant, l'usage généralisé, voire abusif
de certains antibiotiques, y compris en traitement préventif,
curatif ou en complément alimentaire dans l'alimentation animale,
dans les piscicultures, en médecine vétérinaire et humaine, ou
encore comme pesticides pour le traitement des végétaux a introduit
une pression de sélection qui a conduit au développement de
populations de micro-organismes « antibiorésistants »4
et à une baisse générale de l'efficacité thérapeutique. En
milieu hospitalier, ceci conduit à une augmentation du risque
nosocomial5,
faute de traitement adapté contre certains germes particulièrement
résistants. Un grand nombre de molécules aujourd'hui sur le marché
sont des molécules de synthèse, dérivées ou non d'antibiotiques
naturels, en particulier pour contourner les problèmes de
résistance.
Le
premier antibiotique identifié fut la pénicilline. Si dès la fin
du XIXe
siècle Ernest Duchesne découvrit les propriétés curatives de
Penicillium glaucum, la découverte de la pénicilline est à mettre
au crédit de Sir Alexander Fleming en 1928.
Représentation
de Cram de la molécules de pénicilline.
L’administration
d’un antibiotiques ne peut se faire qu’après un examen
bactériologique adapté afin de ne pas administrer de molécules
inutilement et ainsi perturber le système immunitaire. L’examen le
plus courant est le test rapide d’orientation diagnostique (TROD).
Test Angine,
test de diagnostic rapide, TROD
- ANTIVIRAUX ET VIRUS
Un
virus est une particule microscopique infectieuse possédant un seul
type d'acide nucléique (ADN ou ARN) qui ne peut se répliquer qu'en
pénétrant dans une cellule et en utilisant sa machinerie
cellulaire. Les virus sont en général des germes pathogènes6.
Une caractéristique des virus est qu'ils ne peuvent se multiplier
qu’à l'extérieur des cellules de l'organisme qu'ils ont
infectées. Un virus est environ cent fois plus petit qu’une
bactérie.
Les
virus nous côtoient depuis des milliers d’années et nous nous
sommes tellement bien adaptés à certains d’entre eux, et
réciproquement, que de nombreux virus nous infectent sans que nous
nous en rendions compte. D’autres
sont de redoutables machines de guerre comme le virus de la grippe
Espagnole qui sévit entre 1918 et 1919 et qui tua plus de personnes
que la Grande Guerre. N’oublions pas que le terme « virus,i »
vient du latin qui signifie « poison ». Mais limiter notre
connaissance du monde des virus aux seuls virus pathogènes serait
une erreur. En effet, l’étude de la « virosphère »7
pourrait nous renseigner sur l’origine même de la vie et
l’émergence de la biodiversité8
sur notre planète.
Depuis
la découverte des premiers virus au début du XXème
siècle, de nombreux virus ont été isolés, infectant les
organismes des trois règnes du vivant, les bactéries, les archées9
et les eucaryotes10.
Nous savons aujourd’hui que les virus sont retrouvés dans tous les
biotopes, toutes les latitudes. Entre les années 50 et 70, avec la
mise au point de la vaccination et surtout l’éradication de la
variole de la surface de notre planète annoncée en 1980 par l’OMS,
nous pensions maîtriser le monde viral. C’était mal les
connaître.
Coupe
schématique d’un virus
Photographie
électronique du SV40 (Polyomavirus) au microscope électronique en
transmission
Un
antiviral est, par définition, une molécule destinée à agir
contre la multiplication d'un virus. Il est donc administré en cas
d'infection virale.
Il
en existe différents types, adaptés à chaque virus particulier,
mais ils peuvent être généralement classés en trois catégories
en fonction de leur mode d'action :
- ceux qui inhibent l'entrée du virus dans la cellule ;
- ceux qui inhibent l'étape de copie du génome viral (la réplication) ;
- ceux qui inhibent la formation des nouveaux virions fonctionnels ou inhibent la sortie du virus de la cellule.
Cependant
les antiviraux permettent de ralentir mais rarement d'arrêter une
infection virale. C'est avec les vaccins et la prévention, la seule
méthode connue permettant de lutter contre les infections d'origines
virales.
Les
antiviraux sont une méthode efficace de lutte contre les virus en
attendant la mise au point d'un vaccin qui est la seule manière
connue d'éradiquer un virus sur le long terme, comme l'ont montré
les différentes campagnes d'éradications de la poliomyélite et
surtout de la variole.
Les
antiviraux sont relativement récents par rapport aux vaccins, les
premiers développements datent des années 1960 et sur la
cinquantaine de molécules disponibles en 2007, la moitié a été
mise au point après 1987.
Les
premières molécules antivirales étaient difficiles d'emploi pour
un traitement médical car, bien qu'elles empêchaient la réplication
du virus, elles perturbaient également le fonctionnement des
cellules. Mais depuis, les molécules mises au point sont de plus en
plus sélectives et efficaces.
- CONCLUSION
- Les médicaments anti-infectieux sont destinés au traitement curatif et, dans certains cas, à la prévention de maladies dues à des agents infectieux (bactéries, virus, champignons, parasites).
- A l'exception de l'Aciclovir, tous les antiviraux ont moins de 20 ans. Seules 10 nouvelles molécules antibiotiques ont été mises sur le marché en France depuis 2000.
- Les anti-infectieux sont particuliers puisque, sans action thérapeutique directe sur le sujet à qui ils sont prescrits, ils n'agissent que par leur effet sur l'agent infectieux qu'ils détruisent ou dont ils entravent la croissance.
- L’utilisation systématique de traitements antibiotiques peut augmenter la fréquence des formes de résistances par sélection naturelle. Certaines bactéries, sensibles à tel ou tel antibiotiques, deviennent résistantes après des modifications génétiques. On parle de résistance acquise11. La résistance à un antibiotique apparaît lorsqu’une nouvelle molécule protectrice est produite dans la bactérie. Cela peut être dû à une mutation d’un gène du chromosome bactérien12 ou d’un plasmide13. Comme les plasmides peuvent circuler d’une bactérie à une autre (transfert horizontal)14, la mutation portée par le plasmide peut se propager rapidement à de nombreuses bactéries de la même génération. En revanche, les mutations des gènes du chromosome bactérien ne pourront être transmises qu’aux cellules filles de la bactérie porteuse (transfert vertical)15. La sélection naturelle augmente la fréquence des formes résistantes et met en péril l’efficacité des antibiotiques actuels. C’est pourquoi on évite l’utilisation systématique des traitements antibiotiques.
- Il y a de moins en moins de nouvelles molécules et il faut dix à douze ans pour mettre au point un nouveau traitement antibiotique. De plus, les laboratoires de recherches sont plus intéressés par les maladies chroniques qui mettent en place des traitements de long termes, plus rentables.
- La pression de la sélection naturelle peut entraîner chez certains virus soumis à un traitement antiviral l'apparition de virus mutants rendus résistants au traitement. L'augmentation du nombre de molécules disponibles a permis de mettre au point des polythérapies qui combinent l'action simultanée de plusieurs antiviraux permettant ainsi de combattre les virus sur plusieurs fronts. Les premiers essais de trithérapie en 1996 contre le VIH/Sida ont été particulièrement concluants et ont permis de faire baisser de manière très importante la mortalité des patients ayant accès à ces traitements.
- SITOGRAPHIE
1 :
se dit des espèces animales et végétales que l'on rencontre dans
des milieux écologiques très différents. Faisant preuve d'une
extraordinaire diversité, les bactéries ont colonisé tous les
milieux. Certaines peuvent même vivre dans des conditions extrêmes,
devenant capables de croître à partir des molécules soufrées qui
composent leur environnement, de méthane ou d'hydrogène.
2 :
Cependant, certains des éléments présentés ici, comme le
flagelle qui sert à la locomotion, n'équipent pas toutes les
bactéries.
3 :
Milieu défini par des caractéristiques physicochimiques stables et
abritant une communauté d'êtres vivants (ou biocénose). Le
biotope et sa biocénose constituent un écosystème.
4 :
Capacité d'une bactérie à résister à l'action d'un
antibiotique.
5 :
Se dit d'une infection
contractée à l'hôpital et non directement liée à l'affection
pour laquelle le malade est hospitalisé.
6 :
Qualifie ce qui provoque une maladie, en particulier un germe
capable de déterminer une infection.
7 :
Science
étudiant les virus, agents infectieux de très petite taille
responsables de maladies chez les êtres humains, les animaux et les
plantes.
8 :
Diversité des espèces vivantes et de leurs caractères
génétiques
9 :
Les archées, ou Archaea (du grec ancien ἀρχαῖος, «
originel, primitif »), encore appelées archébactéries, sont des
microorganismes unicellulaires procaryotes, c'est-à-dire des êtres
vivants constitués d'une cellule unique qui ne comprend ni noyau ni
organites, à l'instar des bactéries.
10 :
Se dit d'un organisme dont le noyau cellulaire est séparé du
cytoplasme par une membrane.
11 :
résistance acquise par mutation au cours du traitement. Elle
s’oppose à la résistance naturelle ou innée, qui existe avant
le traitement.
12 :
molécule d’ADN circulaire, qui porte les gènes essentiels à la
vie de la bactérie.
13 :
petite molécule d’ADN circulaire, présente dans une bactérie et
qui porte des gènes généralement non essentiels à la vie de la
bactérie.
14 :
transfert entre individus de la même génération
15 :
transfert d’un individu d’une génération à un individu de la
génération suivante
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