L'âge de coquillages perforés découverts dans une
grotte espagnole a été estimé à 115 000 ans. Ils ne peuvent ainsi
qu'être l'oeuvre de l'homme de Néandertal.
Les plus anciens bijoux de l’humanité connus étaient jusqu'ici des coquillages percés vieux de 75 000 ans provenant d’Afrique du sud. Mais Dirk Hoffmann, de l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste à Leipzig, avec des collègues italiens et espagnols, vient de montrer que des perles en coquillages similaires provenant d’Espagne sont vieilles de 115 000 ans. Elles ne peuvent donc qu'être l'œuvre de l'homme de Néandertal.
Les perles en coquillage d’Afrique du sud proviennent de la grotte de Blombos, non loin du Cap. Elles ont été découvertes dans une strate du Paléolithique moyen africain (-200 000 à -30 000 ans), qui outre une industrie lithique comparable au Moustérien (la culture matérielle des néandertaliens), a livré plusieurs plaquettes d’ocre gravées de motifs abstraits, de nombreux outils d’os et une quarantaine de coquillages perforés.
Les perles espagnoles proviennent de la grotte de Los Aviones, près de Carthagène, dans une strate datant d'une époque où la grotte devait se trouver à deux ou trois kilomètres de la mer. Aujourd’hui, cette strate est au raz des flots et surmontée par une couche stalagmitique, dont les chercheurs ont daté quatre échantillons par la méthode du rapport uranium-thorium. Leurs résultats convergent vers la date de - 113 000 ans. Cela implique que les individus qui ont fabriqué les perles de Los Aviones ne peuvent être que les néandertaliens, seuls habitants de l'Europe à l'époque.
Ainsi, le plus ancien témoignage de pensée symbolique est désormais néandertalien ! Or on sait par ailleurs que les Néandertaliens étaient dotés de tout l’appareil phonatoire nécessaire pour parler ; qu'ils se servaient de colle ; on connait au moins un pendentif en serres d’aigle qui leur est attribuable, et l’on suspecte que certaines de leurs tribus confectionnaient des coiffes de plumes ; on sait aussi que leurs ancêtres pré-néandertaliens employaient l’ocre et façonnaient des armes de jet optimisées, etc.
Bref, le plus plausible est que la pensée symbolique de Homo neanderthalensis, et, partant, sa capacité à penser et à parler, étaient comparables à celle d'Homo sapiens. Pour les chercheurs, s’il en est ainsi, c’est qu’il y a plus d’un demi-million d’années, pensée symbolique et langage étaient déjà bien développés chez Homo heidelbergensis, l’ancêtre commun africain de l'homme de Néandertal et de l'homme moderne.
https://www.pourlascience.fr/sd/prehistoire/le-plus-ancien-temoignage-de-pensee-symbolique-est-neandertalien-12975.php
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