samedi 10 mars 2018

Les moustiques du métro londonien

La première ligne du métro de Londres a été inaugurée en 1863. Alors qu’il n’existait initialement qu’une seule espèce de moustiques à Londres, on trouve actuellement des moustiques qui vivent exclusivement dans les couloirs du métro londonien qui viennent se rajouter aux moustiques dits « de surface ». Ces nouveaux moustiques forment un écosystème confiné, sans rapport direct avec l’extérieur. En laboratoire, il est impossible de faire se reproduire des moustiques du métro londonien avec des moustiques londoniens vivant en surface.
Pour distinguer les populations du métro de celles de surface, les scientifiques ont donné le nom de Culex pipiens forme molestus aux premiers et de Culex pipiens forme pipiens aux seconds.
La forme Molestus du métro londonien serait issue d’une population unique de surface Culex pipiens.
Mais il y a mieux : les moustiques du métro sont génétiquement différenciés en fonction des lignes du métro !
Au moins trois groupes génétiques correspondent effectivement aux lignes Victoria, Bakerloo et Central ont en effet été identifiés…

Comment cette espèce est-elle apparue ? Quels sont les mécanismes de spéciation ?

Une partie de la population initiale (Culex pipiens) est isolée dans les souterrains du métro. L'espèce a subit ainsi un isolement géographique. Lorsquune population change de zone de vie, elle fonde une nouvelle population à partir d’individu « nouveaux ». Ces derniers ont peu de chance davoir la totalité des allèles présents dans la population dorigine : ce qui entraîne une fréquence allélique différente de celle dorigine (on note donc déjà des différences). Cette partie de population présente un faible effectif : la dérive génétique va donc être marquée. Ce mécanisme est celui de la variation aléatoire des fréquences alléliques au sein dune population et au cours des générations. Lisolement de la population amène donc une évolution au cours du temps, une variation des fréquences alléliques, au fil des mutations et des modifications du génome, ainsi que de la transmission aléatoire des allèles.

Ensuite, intervient la sélection naturelle. Les conditions du milieu souterrain sont différentes des conditions en surface : les pressions évolutives, les températures, la luminosité ne sont pas les mêmes. Ainsi, un allèle dun gène qui favorisait la survie en surface peut devenir défavorable dans ce nouvel environnement. Les effets de la sélection naturelle sont différents dans les deux milieux. Précisons que les couloirs du métro forment un environnement confiné, isolé de lextérieur, donc les échanges génétiques avec la population de moustiques en plein air étaient réduits - quasiment inexistants-, ce qui a favorisé aussi la séparation génétique entre les deux populations et la création de deux espèces distinctes comme le montre le schéma ci-contre:





De plus, les phénomènes jouent simultanément sur l’évolution des fréquences alléliques des deux populations. Laccumulation de différences peut conduire à l’apparition de nouvelles espèces comme nous le voyons sur le schéma suivant:

Conclusion:
On comprend désormais comment cette spéciation a pu se mettre en place. En effet, à partir du moment ou deux êtres qui se reproduisent ne donnent pas de descendance fertile, on peut alors affirmer que ces deux êtres n’appartiennent pas à la même espèce. C’est ici le cas avec les moustiques Culex pipiens forme molestus et pipiens. Cette spéciation est due aux mécanismes dont nous avons parlé dans cet article à savoir: l’isolement géographique, les mutations, la sélection naturelle…

Bibliographie:

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