samedi 8 août 2015

D'où provient le parfum des roses ? - Pour la Science

D'où provient le parfum des roses ? - Pour la Science

D’où provient le parfum des roses ?

Utilisée depuis
l’Antiquité par les parfumeurs, la rose a perdu au fil du temps son
odeur. Des chercheurs français ont déterminé un gène à l’origine de son
parfum. De quoi peut-être redonner à ces fleurs leurs effluves
d’autrefois...










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Roses de jardin

Chez la rose, le
gène RhNUDX1 code pour l’enzyme Nudix hydrolase, qui intervient dans la
biosynthèse du monoterpène géraniol. Ce monoterpène est en partie
responsable du parfum de la fleur.
© Shutterstock.com













Qu'il est agréable d’humer le doux parfum des roses dans un
jardin...  Chez le fleuriste, pourtant, leur odeur n’est pas aussi
prononcée que celle des vieux rosiers. Pourquoi ? Il est probable que
les nombreux croisements effectués par les horticulteurs afin d’obtenir
des roses « esthétiquement » parfaites ont eu pour conséquence
d’atténuer leurs parfums. Jean-Louis Magnard, de l'Université
de Saint-Étienne, et ses collègues ont peut-être une piste pour y
remédier : ils ont mis en évidence une nouvelle voie de synthèse de
molécules odorantes de la famille des monoterpènes, responsables du
parfum des roses.


Les scientifiques pensaient qu’il n’existait qu’une seule voie de
synthèse de ces monoterpènes, faisant intervenir des enzymes de la
famille des terpènes synthases. Toutefois, Jean-Louis Magnard et ses
collègues ont mis en évidence une nouvelle voie contrôlée par la Nudix
hydrolase, une enzyme encodée par le gène RhNUDX1. Cette enzyme est
notamment connue pour intervenir dans l’élimination des éléments
toxiques des cellules lors de stress oxydants chez certains végétaux.
Elle n’avait, cependant, jamais été associée aux parfums.


Les chercheurs se sont intéressés à deux variétés de roses : la Papa
Meilland, remarquable par sa couleur rouge sombre cramoisi et son fort
parfum, et la Rouge Meilland, très peu odorante. Ils ont analysé leur
transcriptome, l’ensemble des ARN obtenus par la transcription du
génome, pour mettre en évidence leurs différences génétiques. Les
chercheurs ont ainsi déterminé le degré d’activité des gènes. Il
apparaît que l’expression du gène RhNUDX1 est 7583 fois plus élevée dans
la Papa Meilland que dans la Rouge Meilland. Ils ont ensuite réitéré
l’expérience avec 10 autres variétés de plantes. Mêmes résultats : plus
l’expression du gène RhNUDX1 est importante, plus la plante produit de
monoterpènes, et donc plus elle est parfumée.


En étudiant la Papa Meilland, les chercheurs ont remarqué que le gène
RhNUDX1 est surtout exprimé dans les pétales, d’où émane le parfum de
la rose. Son expression est quasi nulle dans les autres parties de la
fleur, comme les feuilles, les sépales et les étamines. Ils ont ensuite
bloqué l’expression du gène RhNUDX1 dans une variété de roses qui
produit de grandes quantités de monoterpène géraniol, la Rosa chinensis.
La concentration de ces composés dans les pétales est proportionnelle
au niveau d’expression du gène RhNUDX1 : si celui-ci est désactivé, la
plante ne produit plus de géraniol. Toutefois, d’autres composés
odorants ne sont pas affectés par cette manipulation.


Le gène RhNUDX1 joue ainsi un rôle important dans l’odeur de ces
plantes. À terme, les biologistes pourraient l'utiliser comme marqueur
pour sélectionner des variétés de roses très parfumées.

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