L'intelligence de la poule
Loin de mériter leur réputation d'oiseaux stupides, les poules ont des capacités cognitives étonnantes...
Carolynn Smith et Sarah Zielinsky
Sur le plan cognitif, celle-ci appartient à une classe plutôt brillante : les oiseaux ont de nombreuses facultés remarquables, autrefois considérées comme l'apanage de l'homme. Ainsi, les pies reconnaissent leur reflet dans un miroir. Les corneilles de Nouvelle-Calédonie fabriquent des outils, un savoir-faire qu'elles se transmettent de génération en génération. Les perroquets gris du Gabon sont capables de compter, de classer des objets en fonction de leur couleur et de leur forme, et d'apprendre des mots humains. Et un cacatoès à huppe jaune dénommé Snowball sait danser en rythme.
Au sein de ces petits génies à plume, on imagine rarement la poule parmi les premiers de la classe. Pourtant, ces dernières années, les éthologues ont découvert qu'elle ne mérite pas sa réputation de cancre. Elle est futée et a des capacités de communication voisines de celles de certains primates. Quand elle prend des décisions, elle tient compte de son expérience et de ses connaissances sur la situation. Elle peut résoudre des problèmes complexes et se montrer compatissante envers des individus en danger.
Est-ce à dire que la poule est un petit Einstein ? Plus probablement, certaines capacités cognitives classiquement attribuées aux seuls primates sont davantage répandues qu'on ne le pensait. Quoi qu'il en soit, ces découvertes obligent à une réflexion éthique sur les élevages de poules, conçus pour optimiser les rendements sans considération du bien-être des animaux.
Il a fallu presque un siècle aux chercheurs pour comprendre ce qui se passe dans le cerveau des poules, gros comme une noisette. Le biologiste norvégien Thorleif Schjelderup-Ebbe a mené les premières études dans les années 1920, établissant que ces oiseaux ont une organisation hiérarchique : les mâles dominants ont un accès prioritaire à la nourriture et aux femelles, et ils punissent de violents coups de bec les subordonnés qui tentent d'usurper leurs privilèges. Le chercheur a nommé cette organisation pecking order (littéralement « ordre de picorage »).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire