samedi 8 août 2015

L'intelligence de la poule - Pour la Science

L'intelligence de la poule - Pour la Science

L'intelligence de la poule

Loin de mériter leur réputation d'oiseaux stupides, les poules ont des capacités cognitives étonnantes...

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© Carlton Davis, Trunk Archive

Rusé comme un renard, malin comme un singe, bavard comme une pie... Quel est cet animal qui étonne aujourd'hui par son intelligence ? Il ne s'agit pas d'un de nos cousins primates, mais d'une espèce plus inattendue : Gallus gallus domesticus– autrement dit, la poule domestique !
Sur le plan cognitif, celle-ci appartient à une classe plutôt brillante : les oiseaux ont de nombreuses facultés remarquables, autrefois considérées comme l'apanage de l'homme. Ainsi, les pies reconnaissent leur reflet dans un miroir. Les corneilles de Nouvelle-Calédonie fabriquent des outils, un savoir-faire qu'elles se transmettent de génération en génération. Les perroquets gris du Gabon sont capables de compter, de classer des objets en fonction de leur couleur et de leur forme, et d'apprendre des mots humains. Et un cacatoès à huppe jaune dénommé Snowball sait danser en rythme.
Au sein de ces petits génies à plume, on imagine rarement la poule parmi les premiers de la classe. Pourtant, ces dernières années, les éthologues ont découvert qu'elle ne mérite pas sa réputation de cancre. Elle est futée et a des capacités de communication voisines de celles de certains primates. Quand elle prend des décisions, elle tient compte de son expérience et de ses connaissances sur la situation. Elle peut résoudre des problèmes complexes et se montrer compatissante envers des individus en danger.
Est-ce à dire que la poule est un petit Einstein ? Plus probablement, certaines capacités cognitives classiquement attribuées aux seuls primates sont davantage répandues qu'on ne le pensait. Quoi qu'il en soit, ces découvertes obligent à une réflexion éthique sur les élevages de poules, conçus pour optimiser les rendements sans considération du bien-être des animaux.
Il a fallu presque un siècle aux chercheurs pour comprendre ce qui se passe dans le cerveau des poules, gros comme une noisette. Le biologiste norvégien Thorleif Schjelderup-Ebbe a mené les premières études dans les années 1920, établissant que ces oiseaux ont une organisation hiérarchique : les mâles dominants ont un accès prioritaire à la nourriture et aux femelles, et ils punissent de violents coups de bec les subordonnés qui tentent d'usurper leurs privilèges. Le chercheur a nommé cette organisation pecking order (littéralement « ordre de picorage »).

Le langage de la poule

Quelque trente ans plus tard, Nicholas et Elsie Collias, tous deux à l'université de Californie à Los Angeles, ont montré que les poules ont un répertoire d'environ 24 cris différents, souvent associés à des événements particuliers. Ainsi, quand elles perçoivent une menace venue du ciel, un aigle affamé par exemple, elles s'accroupissent et émettent doucement un « iiii » aigu. Face à un prédateur terrestre, elles gloussent. Lorsque les mâles découvrent de la nourriture, ils poussent une série de « cot-cot » animés, en particulier si une femelle est dans les parages.

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