samedi 8 août 2015

Paléontologie

Hallucigenia retrouve sa tête

Une nouvelle analyse de fossiles de Hallucigenia a permis de décrire la tête de l'étrange animal. Certaines caractéristiques révèlent une partie de l’évolution du groupe auquel appartient cette espèce.

Hallucigenia
Hallucigenia (vue d'artiste)
Danielle Dufault
M. R. Smith et J.-B. Caron
Fossile d'Hallucigenia.
M. R. Smith et J.-B. Caron
 
Avec ses sept paires de pics dorsaux, ses dix paires de pattes et de tentacules, Hallucigenia intrigue. Cette espèce a aussi posé beaucoup de problèmes aux chercheurs qui l’ont découvert en 1977 dans les schistes de Burgess, au Canada. Les paléontologues ont d’abord pensé que les pics étaient les pattes et les pattes des tentacules sur son dos… et que la queue était la tête ! Martin Smith, de l’université de Cambridge au Royaume-Uni, et Jean-Bernard Caron, de l’université de Toronto, ont analysé de nouveaux spécimens fossilisés et ont identifié la tête. Ils ont aussi précisé la présence de structures rigides faisant le tour de la bouche et des dents en forme de pics dans le pharynx. Ces caractéristiques fournissent des indices sur certains aspects de l’évolution des descendants de Hallucigenia.
Hallucigenia est une de ces espèces bizarres qui sont apparues au cours de l’explosion cambrienne, une époque géologique (entre 541 et 485 millions d’années) qui a vu apparaître soudainement de nombreuses espèces animales et végétales. D’une taille comprise entre 10 et 50 millimètres, Hallucigenia vivait sur le fond des océans et se nourrissait probablement en aspirant l’eau par la bouche. Il appartient au groupe des ecdysozoaires, qui réunit aussi bien les arthropodes (les insectes, les araignées, les crustacés), que les tardigrades, les onychophores (animaux ressemblant à des chenilles, longs de quelques centimètres, segmentés et portant sur chaque segment des appendices non articulés) et les nématodes. La mue est le caractère ancestral à tous les ecdysozoaires. De nombreux ecdysozoaires ont en commun une structure qui fait le tour de la bouche et des dents dans le pharynx, les onychophores faisant exception. Deux hypothèses se dessinent : soit l’ancêtre des onychophores présentait de tels attributs qui ont été perdus au cours de l’évolution des onychophores, soit ces attributs sont apparus de façon indépendante chez les différentes espèces du groupe.
Hallucigenia n’est pas l’ancêtre commun du groupe, mais des chercheurs ont montré en 2014 que la structure de ses pattes suggère qu’il est un proche parent des onychophores. Ainsi, pour répondre à la question des onychophores, une piste serait d’étudier l’anatomie de la tête de Hallucigenia. Martin Smith et Jean-Bernard Caron ont analysé de nouveaux fossiles (165 spécimens découverts entre 1992 et 2000) au microscope à balayage électronique pour clarifier la situation. Ils ont ainsi montré que Hallucigenia avait une tête allongée portant sur le dessus deux yeux simples. Des lamelles dures entouraient sa bouche et son pharynx présentait des dents. Ces observations suggèrent que l’ancêtre commun des ecdysozoaires était doté de ces attributs et que les onychophores les auraient perdus au cours de l’évolution.http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actu-i-hallucigenia-i-retrouve-sa-tete-35740.php

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