La
Chimiothérapie
I
Introduction
La
chimiothérapie
est
la méthode la plus fréquemment utilisée pour le traitement des
cancers avec la radiothérapie
et la chirurgie.
Elle
désigne l’ensemble des traitements
médicamenteux ayant pour but de
détruire les cellules cancéreuses, d'empêcher
leur multiplication et
de
soulager un certains nombre de symptômes, notamment la douleur…
Après
avoir expliqué
ses mécanismes d'action et les principales substances utilisées,
nous verrons que ce traitement présente
aussi beaucoup d'effets indésirables sur les cellules saines. Alors
quelles sont véritablement les limites
de la chimiothérapie et
est-il possible de diminuer
les effets secondaires du
traitement sans en diminuer l'efficacité ?
II
Mécanisme d'action
Le
corps humain est constitué de millions de cellules dont les tailles,
les formes et les fonctions sont très diverses.
Dans
un tissu sain, de nouvelles cellules sont créées au cours d'un
processus de division cellulaire appelée mitose, lorsque la
cellule est trop vieille, elle s'autodétruit et meurt au cours d'un
processus appelé apoptose.
Un
équilibre fragile existe donc entre le nombre de nouvelles cellules
créées et le nombre de cellules qui disparaissent chaque jour.
Lorsqu'un cancer se développe, cet équilibre s'en trouve
rompu et les cellules commencent à se développer de manière
anarchique .
La
chimiothérapie est un type de traitement qui fait appel à des
médicaments très forts permettant de stopper la
croissance des cellules cancéreuse .
La
chimiothérapie peut être proposée avant une chirurgie: la
chimiothérapie néo adjuvante ; après une
chirurgie : chimiothérapie adjuvante ou pour traiter des
métastases (croissance d'un organisme pathogène ou d'une cellule
tumorale) : chimiothérapie métastatique.
Mais contrairement aux idées reçues, la chimiothérapie ne détruit pas à elle seule une tumeur. En plus de ces effets directs, appelés cytotoxiques, sur les cellules cancéreuses, elle permet de mobiliser le système immunitaire du patient contre sa tumeur :
III
Diverses
voies
d'administration
La
chimiothérapie peut s'administrer de diverses façons ; elle
peut être administrée par voie orale ou par voie
intraveineuse sous la forme d'une perfusion .
Une
fois les médicaments à l’intérieur de l'organisme, ils se
mettent à détruire les cellules cancéreuses en les empêchant de
croître ou de se multiplier au cours de la mitose.
Les
médicaments utilisés tuent ces cellules en agissant sur l'ADN, sur
l'ARN ou sur les protéines des cellules, pour bloquer certaines
étapes de la division cellulaire : ceux qui agissent sur l'ADN
peuvent se coupler à ses bases, s'intercaler entre elles et ainsi
ouvrir la double hélice ou provoquer la formation d'oxygène, qui
casse le filament d'ADN. Certains médicaments agissent dans la
synthèse des macromolécules protéiques, d'autres bloquent l'action
des enzymes chargés de réparer les cassures de l'ADN.
En
fonction du stade où le cancer est arrivé, la chimiothérapie peut
guérir le cancer, l'empêcher de se propager ailleurs et/ou soulager
les symptômes .
1)
Par voie orale
Les
chimiothérapies orales font partie des beaux succès scientifiques
de cette dernière décennie. En
effet, elles ont permis d'améliorer la qualité de vie
des patients et de leur donner une plus grande autonomie : c'est
d'ailleurs pour cela que ceux-ci la préfère (plus de 80 %) .
Cependant, ce type de traitement présente des avantages… et des
inconvénients. Cette chimiothérapie se prend sous la forme de
simples comprimés ou de capsules que l'on avale avec un grand verre
d'eau . Elle évite ainsi tout le stress et les inconvénients liés
aux piqûres : la peur, mais aussi la pose d’une chambre
implantable comme c’est généralement le cas pour les traitements
classiques. Ainsi, elle permet d’échapper au bloc opératoire et à
l’ anesthésie générale.
De
plus, ces traitements ont l'avantage d'avoir une action ciblée. Les
concentrations de produits actifs sont plus importantes dans les
cellules cancéreuses que dans les cellules saines ce qui permettrait
d'obtenir de meilleurs résultats .
Bien
qu'ils soient moins importants, les effets secondaires de cette voie
d'administration ne disparaissent pas pour autant.
2)
Par voie intraveineuse
A
l’heure actuelle, la plupart des traitements par chimiothérapie
sont administrés par perfusion le plus souvent en utilisant une
chambre implantable aussi appelée PAC,
chambre de chimiothérapie, site implantable ou « dispositif
intraveineux pour perfusion avec réservoir sous-cutané ».
Un
traitement par chimiothérapie nécessite en effet de réaliser des
perfusions à intervalle très régulier, le plus souvent pendant
plusieurs mois de suite à l’hôpital mais sans hospitalisation
complète .
Pour
faciliter ces injections et éviter d’abîmer les veines du bras,
il est proposé au patient par l’équipe soignante de poser ce PAC,
petit appareil implanté sous la peau qui est muni d’un fin
cathéter directement introduit dans une veine.
En
règle générale, le cathéter se situe en haut de la poitrine. Son
extrémité extérieure est conçue pour être reliée à la
perfusion .
Quel
qu’il soit, un traitement par chimiothérapie est adapté à chaque
patient. Cela explique que, pour un même cancer, les médicaments
prescrits, les doses et le rythme d’administration peuvent être
différents d’une personne à une autre.
C’est
aussi la raison pour laquelle les conditions de réalisation du
traitement peuvent différer. Certaines chimiothérapies
nécessitent de se rendre à l’hôpital alors que d’autres
peuvent être réalisées à domicile .
3)
Par
photo-chimiothérapie
Ce
procédé
consiste
à détruire les cellules cancéreuses par laser
(rayonnement lumineux), après les avoir sensibilisées à la
lumière par l'injection d'un produit photosensibilisant.
Cette méthode a des indications précises et limitées :
- Elle ne s'applique qu'à des tissus qui laissent passer la lumière du laser (ce qui n'est pas le cas des mélanomes malins par exemple).
- Elle s'adresse à des petites tumeurs qui sont en général des récidives sur des zones déjà irradiées et situées dans des conduits à l'intérieur desquels on peut introduire une sonde pour vaporiser le laser (bouche, œsophage, intestin).
- Elle a également des indications dans certaines tumeurs cérébrales non accessibles à la chirurgie
La
photo-chimiothérapie
est moins agressive pour le patient, surtout lorsqu'il est âgé.
IV
Principaux médicaments utilisés
Il
existe plus
d'une cinquantaine de médicaments
différents susceptibles
d’être utilisés dans un traitement de
chimiothérapie.
On
distingue plusieurs catégories
en fonction de leur action :
Les antimétabolites
inhibent la synthèse de l'ADN ou de l'ARN. Le plus connu est le
méthotrexate. Dans
cette classe, on trouve aussi le 5-fluorouracile et la cytarabine.
- Parmi les traitements empêchant la division cellulaire se trouvent :
- les taxanes comme le paclitaxel ;
- les vinca-alcaloïdes dont la vinblastine et la vincristine.
- D'autres médicaments inhibent des enzymes responsables du traitement macromoléculaire de l'ADN. Parmi eux se trouvent plusieurs classes médicamenteuses :
- les anthracyclines telles que la daunorubicine (Cerubidine), la doxorubicine (Adriamycin) et l'épirubicine.
- les épipodophyllotoxines dont l'étoposide et la téniposide.
- les camptothécines avec l'irinotecan et le topotecan.
- Les médicaments qui altèrent l'ADN des cellules cancéreuses déjà matures sont :
- des agents alcoylants comme le chlorambucil, la cyclophosphamide, et la procarbazine,
- des dérivés du platine tels que le carboplatine et le cisplatine.
Il
faut préciser
que certains médicaments tels que les anthracyclines
sont limités quant à la quantité totale qu'il est possible
d'administrer au cours d'une vie. En effet, leurs effets secondaires
affectent directement certains organes vitaux (cœur et poumons).
Remarque :
les traitements hormonaux comme le tamoxifène
rentrent
davantage dans les traitements appartenant à l'hormonothérapie.
V
Effets indésirables
Les
traitements de chimiothérapie n’étant pas uniquement ciblés sur
les cellules cancéreuses, ils peuvent malheureusement aussi détruire
des cellules saines au moment de leur propre prolifération.
Ces
effets secondaires pourront être extrêmement différents en
fonction du type de médicament, de la dose, de l'état de santé
général du patient, etc.
Ils
peuvent survenir à n'importe quel moment du traitement : on parle
d'effets secondaires immédiats ou différés.
Néanmoins, la plupart disparaissent rapidement à l'arrêt du
traitement (rares sont les effets tardifs qui font leur apparition
des mois après le traitement et ceux qui persistent).
Chaque
molécule de chimiothérapie possèdant ses propres effets
secondaires, ceux-ci peuvent être plus ou moins graves et marqués.
Ils dépendent également du patient, chacun pouvant réagir
différemment au traitement.
Ces
principaux effets secondaires sont (liste non exhaustive) :
-
des troubles digestifs ( nausées, constipation, diarrhées )
-
des troubles hématologiques ( thrombopénie, leucopénie )
-
des troubles de la croissance des cheveux et des ongles
-
des troubles neurologiques
-
des troubles des muqueuses ( aphtes, mucites, sécheresse
oculaire )
-
des troubles cardiaques
-
des troubles hépatiques
-
grande fatigue
-
des troubles
psychologiques
( stress, dépression )
Ces
effets secondaires n’apparaissent pas tous en même temps et ne
sont pas liés à l’efficacité de la chimiothérapie. Certains
peuvent être limités, voire même évités par des médicaments et
des soins adaptés.
D'énormes
progrès ont été faits ces dernières années pour améliorer le
confort des personnes traitées par chimiothérapie.
VI
Efficacité et résistance
Toutefois,
les
limites
de la chimiothérapie apparaissent clairement puisqu'elle
rencontre aujourd'hui
certaines
résistances.
Ces résistances peuvent être naturelles
ou acquises
et
peuvent surtout
s’expliquer par plusieurs
phénomènes :
- les transporteurs membranaires expulsent le médicament hors des cellules. La concentration du médicament dans le milieu intracellulaire diminue et son efficacité aussi.
- apparition de mutations génétiques dans les cellules tumorales qui échappent ainsi au vieillissement (ou sénescence) cellulaire induit par la chimiothérapie.
- certaines molécules ne parviennent pas jusqu'à certaines tumeurs très peu vascularisées ou à des tumeurs sanctuaires difficiles d'accès telles que les tumeurs cérébrales pour lesquelles certains médicaments ne traversent pas la barrière hémato-encéphalique.
Ainsi
la
résistance de certaines tumeurs à la chimiothérapie entraîne
parfois
la
rechute
des
patients
et
les
nombreux effets
secondaires
liés à la chimiothérapie sont également des facteurs
limitants de
par leur
toxicité sur
les cellules saines.
VII
Conclusion
La
décision de faire appel à un traitement chimiothérapique ou non
n'est pas anodine. Renoncer au traitement peut en effet accroître la
mortalité et l'accepter peut prolonger une vie mais en
s'accompagnant d'importants effets secondaires.
Les
perspectives de la chimiothérapie seraient donc dans le principe
d’une thérapie ciblée visant uniquement à éliminer la tumeur
sans endommager les cellules normales du patient. On
peut donc imaginer
des stratégies futures développées
sur des traitements beaucoup plus ciblés
qui
ne toucheraient que les cellules cancéreuses.
Un
programme
français
sans équivalent dans le monde baptisé AcSé
( Accès Sécurisé à des thérapies Ciblées innovantes) permet
aujourd'hui à des patients privilégiés de bénéficier d'un accès
sécurisé à des thérapies ciblées innovantes.
Sitographie
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