Plus
d'un quart des espèces évaluées risquent de disparaître du territoire
national, révèle la dernière édition des chiffres clés de la
biodiversité. Quelques espèces comme les oiseaux généralistes ou les
grands prédateurs résistent.
On sait que les indicateurs de la biodiversité sont dans le rouge. Plusieurs
rapports internationaux en ont fait l'écho cette année. L'édition 2018 des
chiffres clés de la biodiversité viennent le confirmer pour la France. "
En l'état actuel des connaissances, 26 % des espèces évaluées
présentent aujourd'hui un risque de disparition au niveau français. Ce
risque est nettement plus élevé dans les outre-mer (40 %) par rapport à
la métropole (22 %)", révèle le rapport. Trois pour cent des espèces sont d'ores et déjà éteintes, 4% sont en danger critique et 6 % en danger.
L'évolution du risque se révèle particulièrement préoccupante pour
les amphibiens, les oiseaux nicheurs, les mammifères et les reptiles. Le
risque d'extinction de ces quatre groupes en métropole a augmenté de
15,2 % entre les deux évaluations menées en 2008-2009 et 2015-2017.
Certaines espèces s'en tirent mieux que d'autres. Tel est le cas des
oiseaux généralistes et des grands prédateurs.
38 % des chauves-souris ont disparu
La publication de ces chiffres, à l'initiative du ministère de la
Transition écologique et de l'Agence française pour la biodiversité
(AFB), met l'accent sur certains indicateurs suivis par l'Observatoire
national de la biodiversité (ONB). Parmi ceux-ci figurent les
chauves-souris, dont un déclin moyen de 38 % des effectifs est constaté
entre 2006 et 2016. De fortes disparités sont toutefois à relever entre
les différentes espèces, voire entre les populations d'une même espèce.
D'autre part, 15 espèces sur les 34 vivant en métropole ne sont pas
encore suivies.
En tout état de cause, "
l'évolution des effectifs de
chauves-souris est (...) un bon indicateur du niveau de pression exercé
par les activités humaines sur la biodiversité", indiquent les
auteurs du rapport. Ces espèces, expliquent-ils, sont en effet sensibles
à plusieurs facteurs : destruction de leurs habitats,
pollution lumineuse, raréfaction de leur régime alimentaire,
développement des éoliennes, dérangement des colonies et des sites d'hibernation...
Effondrement des populations d'oiseaux agricoles
Autre indicateur mis en avant par le service de la donnée et des
études statistiques du ministère de la Transition écologique : l'état
des populations d'oiseaux communs dits "spécialistes", c'est-à-dire liés
à un habitat particulier. Ces populations ont diminué en moyenne de
22 % entre 1989 et 2017, avec une baisse de 33 % pour les oiseaux
inféodés aux
milieux agricoles, 30 % pour ceux vivant dans les milieux bâtis et 3 % pour ceux des espaces forestiers.
"
Les causes de leur déclin sont multiples", indique le rapport, qui cite toutefois en tête la dégradation des habitats et l'
effondrement des populations d'insectes. Cette dégradation n'est pas connue par les espèces dites "généralistes" qui augmentent de 19 %. Ce qui traduit une "
homogénéisation des communautés d'oiseaux dont la composition évolue vers des espèces peu spécialisées, présentes dans tous les milieux".
L'implantation des grands prédateurs progresse
Un troisième indicateur montre des chiffres favorables à certains
mammifères. C'est celui de la présence des trois grands prédateurs que
sont le loup, le lynx et l'ours. Cet indicateur ne porte pas sur la
population de ces espèces mais sur l'évolution de leur implantation.
Le loup était présent sur 3,7 % du territoire en 2017, contre 0,9 %
en 2003. Ce qui représente l'une des plus fortes expansions spatiales,
toutes espèces confondues. On a toutefois une idée de la croissance de
la population grâce à l'Office national de la chasse et de la faune
sauvage (ONCFS). Début décembre, celui-ci confirmait l'expansion
démographique avec 85 zones de présence permanente et révélait que
l'effectif de l'espèce en sortie d'hiver devrait dépasser les 500
individus. Objectif que le gouvernement s'était fixé pour fin 2023 à
l'issue de l'
actuel plan loup.
L'emprise spatiale du lynx est également en augmentation, passant de
0,1 % en 1989 à 1,5 % en 2017. Ce n'est en revanche pas le cas de l'ours
dont la présence reste limitée à
deux zones pyrénéennes, même si le nombre d'individus est également en augmentation.
"
Cette tendance générale est, entre autres, le fruit des divers plans nationaux d'actions, des programmes de réintroduction pour l'ours
et le lynx et de la mise en place d'aires protégées, permettant de
concilier l'expansion de ces grands prédateurs avec les activités
humaines", expliquent les auteurs du rapport.