Deux équipes, l’une française, l’autre sino-américaine, ont cultivé durant trois à dix-neuf jours des embryons de macaques, dans lesquels ils avaient ajouté des cellules humaines. Si ces travaux offrent, à terme, la promesse de progrès biomédicaux, notamment pour la médecine régénérative, ils suscitent un profond questionnement éthique.
C’est un pas symbolique qui vient d’être franchi, en matière de recherches sur l’embryon. Certains parleront d’un risque de « transgression » ou de « brouillage des frontières » entre l’espèce humaine et les autres espèces animales. D’autres mettront en avant les perspectives de progrès scientifiques et biomédicaux ouvertes par ces travaux.
Deux équipes, l’une française, l’autre sino-américaine, sont parvenues à créer des embryons chimères singe-homme. Plus précisément, elles ont introduit des cellules humaines dans des embryons de singe, qui ont ensuite été cultivés en laboratoire durant trois jours (pour l’équipe française) ou dix à dix-neuf jours (pour l’équipe sino-américaine). Les taux de cellules humaines intégrées dans les embryons de singe, cependant, sont restés très faibles dans la première étude, publiée le 12 janvier dans la revue Stem Cell Reports. Et modestes dans la seconde étude, publiée le 15 avril dans la revue Cell.
Ces travaux suscitent une salve d’interrogations, notamment sur les bénéfices escomptés et les risques de ces travaux, qui résonnent avec la révision en cours de la loi de bioéthique en France. L’article 17 du projet de loi entend encadrer les embryons chimères. C’est un des points de discorde : si l’Assemblée nationale veut autoriser l’adjonction de cellules humaines dans un embryon animal, le Sénat s’y oppose farouchement. Après deux navettes parlementaires, la commission mixte paritaire a échoué, en février, à trouver un compromis. Le texte devrait revenir en juin à l’Assemblée pour une dernière lecture.
« Ces recherches n’ont pas vocation à faire tout et n’importe quoi. Nous sommes très conscients de leurs enjeux biomédicaux mais aussi éthiques », assure Pierre Savatier de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) à Lyon, qui a coordonné l’étude française. Si le fameux article 17 était retenu, il autoriserait l’adjonction de cellules humaines dans un embryon ou un organisme vivant animal. En revanche, « nous sommes tous d’accord pour interdire le paradigme inverse, qui consisterait à injecter des cellules animales dans un embryon humain », insiste le chercheur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire