Un moratoire pour arrêter le massacre
Le 14 janvier 2020, Emmanuel Macron déclarait à Pau au cours d’une table-ronde consacré à « l’écologie dans nos territoires » que le « consensus sur l’éolien » était « nettement en train de s’affaiblir dans notre pays. […] De plus en plus de gens […], qui considèrent que leur paysage est dégradé, ne veulent plus voir de l’éolien près de chez eux. Il ne faut pas l’imposer d’en haut. »
Un bon sens déroutant, ce dernier ayant toujours soutenu cette technologie… sans prendre en compte les légitimes récriminations des populations qui n’en peuvent plus de voir les paysages naturels défigurées par ces immenses pâles qui traversent le ciel, tels des moulins à vent sortis de l’imagination fertile d’auteurs de dystopies de science-fiction.
Tous nos paysages sont désormais colonisés par ces machines. Aucun n’y échappe. Un trajet en train régional ou en voiture, par les autoroutes ou les départementales, suffit pour s’en convaincre : les éoliennes occupent le moindre centimètre carré de champs, de collines. Elles sont même maintenant au large, « offshore » comme on dit en start-up nation. L’ancien ministre François de Rugy, qui a perdu son poste pour une pathétique histoire de homards, inaugurait ainsi le premier parc éolien en mer de Saint-Nazaire dès sa prise de fonctions, au mépris des habitants et des pêcheurs sommés de s’agenouiller devant ces gigantesques totems contemporains. Dans un excellent ouvrage intitulé Eoliennes : la face noire de la transition écologique, Fabien Bouglé démontre que les éoliennes, en plus de littéralement massacrer nos paysages, ne sont pas si bonnes pour la planète qu’on ne voudrait nous le faire croire.
Nuisances multiples
Ne produisant qu’une électricité intermittente, les éoliennes seront toujours insuffisantes pour alimenter notre pays en électricité. Les partisans l’admettent eux-mêmes, notamment pour ce qui concerne les éoliennes à axe horizontal : elles ne peuvent pas exploiter tous les vents. Elles s’arrêtent lorsqu’il n’y a pas assez de vent, ou, au contraire, lorsqu’il y en a trop. L’énergie éolienne doit donc être utilisée en complément d’une autre source d’énergie. Mais ce n’est pas tout. Leurs nuisances sont multiples. Pour commencer, elles produisent d’importants problèmes sonores : lors du passage de l’air dans les hélices, et par le grincement engendré par la rotation des différents éléments mécaniques.
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Les éoliennes causent aussi des interférences avec les ondes électromagnétiques (radio, télévision, téléphonie), obligeant à installer des récepteurs et des transmetteurs pour intensifier les signaux ! Dernier point aujourd’hui connu : les oiseaux ne distinguent pas les pales d’éoliennes lorsqu’elles sont en rotation, et entrent en collision avec ces dernières. Les éoliennes ne doivent donc pas être installées dans les couloirs de migration des oiseaux ni dans les régions où il y a des espèces menacées ou, le cas échéant, un système lumineux doit être mis en place !
Quant aux éoliennes en mer, elles obligent les pêcheurs à déplacer leurs zones de pêche. Depuis 2019, Carole Delga a ainsi lancé un chantier colossal à Port-la-Nouvelle pour tenter de créer une filière dédiée à l’éolien flottant en mer. Chacune des machines que la région compte installer pèsera quelque 8 000 tonnes et mesurera 176 mètres de haut. Elles flotteront à 18 kilomètres de la côte, presque au bord des plages. Plus encore, deux parcs de 20 machines sont prévus entre la frontière espagnole et Fos-sur-Mer, au large des Pyrénées-Orientales, Aude, Hérault, Gard et des Bouches-du-Rhône. Est donc prévue la construction de 40 éoliennes flottantes au large des côtes languedociennes d’ici 2024, divisées en deux parcs de 20 machines… Pour faire accepter cette décision, la région tente de faire penser que l’extension du port de Port-la-Nouvelle, souhaitable et souhaitée, lui est attachée. Non, soutenir l’extension du port ne doit pas amener à soutenir l’installation des éoliennes en mer !
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Van Gogh aurait-il peint des champs d’éoliennes?
Des installations dont on ne mesure pas encore correctement l’impact sur les écosystèmes côtiers. Directrice de recherche au CNRS, Nathalie Niquil l’écrit dans un article : « En conclusion, il apparaît que la présence des éoliennes a un effet local, lié principalement à l’effet récif, qui se traduit par l’apparition d’un nouvel écosystème, caractéristique des substrats rocheux, au milieu d’un écosystème de substrat meuble. (…) Le développement des énergies marines ne doit pas se faire au détriment d’écosystèmes emblématiques. La planification des espaces marins doit avant tout sanctuariser les habitats essentiels. »
Les éoliennes vivent grâce aux subventions publiques. Elles ont une durée de vie moyenne de 20 ans, ce qui oblige donc à coûteux démantèlements. Le salut du monde ne se fera pas avec ces turbines. Pis, la France possède un immense parc nucléaire qui nous permet d’être l’un des pays les plus décarbonés. Surtout, personne ne semble vouloir se préoccuper des paysages, de la beauté. La France s’enlaidit, c’est un fait, comme l’a noté Alain Finkielkraut dans son plaidoyer pour une écologie poétique sur Le Figaro. Notre époque néglige la beauté du monde. L’aménagement du territoire, notamment par les éoliennes, supprime le vide et le silence des paysages de nature, leur superbe dépouillement. On habille nos campagnes de bâtiments sans âmes, d’éoliennes, blessant nos yeux et notre sensibilité. Van Gogh aurait-il peint des champs d’éoliennes ?
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L’extension perpétuelle du domaine de la ville, constatable avec l’horizontalisation des banlieues et l’implantation de centres commerciaux, se poursuit avec les éoliennes en mer et dans les champs. C’est la politique la plus anti-écologiste qui soit, la plus anti-humaniste. On détruit nos habitats pour tenter de sauver le monde. On détruit les derniers espaces de liberté des Français. Il est temps d’arrêter le massacre. En Occitanie, je demanderai un moratoire sur l’éolien. Le plus tôt sera le mieux.
https://www.causeur.fr/eoliennes-cest-du-vent-tribune-moratoire-jean-paul-garraud-200020
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