Une nouvelle branche vient s’ajouter sur l’arbre généalogique
humain : l’équipe de Florent Détroit, du Muséum national d’histoire
naturelle, à Paris, a mis au jour les restes d’une espèce d’hominidé
inconnue dans une grotte aux Philippines. Ce nouveau membre de la
famille humaine, qui était probablement de petite taille, a été nommé Homo luzonensis.
Cette découverte, rapportée dans le journal Nature du 10 avril, devrait relancer le débat sur la date à laquelle les ancêtres des lignées humaines ont quitté l’Afrique. Et l’âge de ces restes – supérieur à 50 000 ans – suggère que plusieurs espèces humaines différentes coexistaient autrefois en Asie du Sud-Est.
Les premières traces de cette nouvelle espèce sont apparues il y a plus d’une décennie, lorsque des chercheurs ont découvert un os de pied datant d’au moins 67 000 ans dans la grotte de Callao, sur l’île de Luzon, aux Philippines. Ils ne savaient pas de quelle espèce provenait cet os, mais ils ont rapporté qu’il ressemblait à celui d’un petit Homo sapiens.
D’autres fouilles de la grotte de Callao ont mis au jour sept dents, deux os du pied et deux de la main. Selon Florent Détroit et ses collègues, ces os ont des caractéristiques différentes de celles d’autres parents humains. Les restes proviennent d’au moins deux adultes et un enfant.
Homo luzonensis est la deuxième nouvelle espèce humaine à être découverte en Asie du Sud-Est ces dernières années. En 2004, une autre équipe avait annoncé la découverte d’Homo floresiensis – le « Hobbit » – une espèce qui mesurait un peu plus d’un mètre, sur l’île indonésienne de Florès.
Mais Florent Détroit et ses collègues soutiennent que les restes de la grotte de Callao sont distincts de ceux d’Homo floresiensis et d’autres hominidés – y compris Homo erectus, le premier parent humain ayant quitté l’Afrique, il y a environ 2 millions d’années.
Les molaires découvertes sont extrêmement petites comparées à celles d’autres parents humains. Comme chez Homo sapiens, les cuspides des molaires (les petites pointes sur la face supérieure de la dent), ne sont pas aussi prononcées que chez les hominidés plus anciens. La forme de l’émail sur la face intérieure des molaires ressemble à celle des spécimens d’Homo sapiens et d’Homo erectus découverts en Asie. Les prémolaires sont petites, mais encore dans la gamme de celles d’H. sapiens et H. floresiensis. Mais les auteurs rapportent que la taille globale des dents ainsi que le rapport entre la taille des molaires et des prémolaires sont différents de ceux des autres membres du genre Homo.
La forme des os du pied d’H. luzonensis diffère également. Ils ressemblent plus à ceux d’un Australopithèque – des hominidés plus anciens, dont le plus célèbre représentant est Lucy, qui est supposé n’avoir jamais quitté l’Afrique. La courbure des os des orteils et l’os d’un doigt suggèrent qu’H. luzonensis était adapté pour grimper dans les arbres.
Florent Détroit et ses collègues sont prudents quant à l’estimation de la taille d’H. luzonensis, car il n’y a que peu de vestiges. Mais compte tenu de ses petites dents et de la taille de l’os du pied découvert en 2010, ils estiment que sa taille se situait dans la fourchette des petits H. sapiens, comme les membres de certains groupes ethniques indigènes vivant aujourd’hui sur l’île Luzon et ailleurs aux Philippines, collectivement désignés sous le nom de Négritos. Les hommes de ces groupes vivant sur l’île de Luzon ont une taille moyenne d’environ 151 centimètres et les femmes d’environ 142 centimètres.
Les chercheurs sont divisés sur la façon dont H. luzonensis s’intègre dans l’arbre généalogique humain. Florent Détroit privilégie l’idée que la nouvelle espèce descend d’un groupe d’Homo erectus ayant progressivement évolué vers une forme différente.
« Les îles présentent souvent différentes voies d’évolution, explique Gerrit van den Bergh, paléontologue à l’université de Wollongong, en Australie. On peut imaginer qu’en arrivant sur des îles comme Luzon ou Florès, Homo erectus n’avait plus besoin d’être taillé pour la course de fond, mais plutôt de s’adapter pour passer la nuit dans les arbres. »
Mais, étant donné les similitudes de l’espèce avec Australopithecus, Matthew Tocheri, de l’université Lakehead, à Thunder Bay, au Canada, se demande si les habitants de la grotte de Callao ne descendent pas d’une lignée qui aurait migré hors d’Afrique avant Homo erectus.
Le matériel génétique pourrait aider les scientifiques à identifier la relation de cette nouvelle espèce avec d’autres hominidés, mais les efforts pour extraire l’ADN d’H. luzonensis ont échoué jusqu’ici. Cependant, les os et les dents ont été datés d’au moins 50 000 ans. Cela suggère que l’espèce a pu vivre en Asie du Sud-Est en même temps qu’H. sapiens, H. floresiensis et même des Dénisoviens, un groupe dont l’ADN a été trouvé chez des hommes contemporains en Asie du Sud-Est.
« L’Asie du Sud-Est insulaire semble être pleine de surprises paléontologiques qui compliquent le tableau de l’évolution humaine », conclut William Jungers, paléoanthropologue à l’université de Stony Brook, à New York.
Cette découverte, rapportée dans le journal Nature du 10 avril, devrait relancer le débat sur la date à laquelle les ancêtres des lignées humaines ont quitté l’Afrique. Et l’âge de ces restes – supérieur à 50 000 ans – suggère que plusieurs espèces humaines différentes coexistaient autrefois en Asie du Sud-Est.
Les premières traces de cette nouvelle espèce sont apparues il y a plus d’une décennie, lorsque des chercheurs ont découvert un os de pied datant d’au moins 67 000 ans dans la grotte de Callao, sur l’île de Luzon, aux Philippines. Ils ne savaient pas de quelle espèce provenait cet os, mais ils ont rapporté qu’il ressemblait à celui d’un petit Homo sapiens.
D’autres fouilles de la grotte de Callao ont mis au jour sept dents, deux os du pied et deux de la main. Selon Florent Détroit et ses collègues, ces os ont des caractéristiques différentes de celles d’autres parents humains. Les restes proviennent d’au moins deux adultes et un enfant.
Homo luzonensis est la deuxième nouvelle espèce humaine à être découverte en Asie du Sud-Est ces dernières années. En 2004, une autre équipe avait annoncé la découverte d’Homo floresiensis – le « Hobbit » – une espèce qui mesurait un peu plus d’un mètre, sur l’île indonésienne de Florès.
Mais Florent Détroit et ses collègues soutiennent que les restes de la grotte de Callao sont distincts de ceux d’Homo floresiensis et d’autres hominidés – y compris Homo erectus, le premier parent humain ayant quitté l’Afrique, il y a environ 2 millions d’années.
Les molaires découvertes sont extrêmement petites comparées à celles d’autres parents humains. Comme chez Homo sapiens, les cuspides des molaires (les petites pointes sur la face supérieure de la dent), ne sont pas aussi prononcées que chez les hominidés plus anciens. La forme de l’émail sur la face intérieure des molaires ressemble à celle des spécimens d’Homo sapiens et d’Homo erectus découverts en Asie. Les prémolaires sont petites, mais encore dans la gamme de celles d’H. sapiens et H. floresiensis. Mais les auteurs rapportent que la taille globale des dents ainsi que le rapport entre la taille des molaires et des prémolaires sont différents de ceux des autres membres du genre Homo.
La forme des os du pied d’H. luzonensis diffère également. Ils ressemblent plus à ceux d’un Australopithèque – des hominidés plus anciens, dont le plus célèbre représentant est Lucy, qui est supposé n’avoir jamais quitté l’Afrique. La courbure des os des orteils et l’os d’un doigt suggèrent qu’H. luzonensis était adapté pour grimper dans les arbres.
Florent Détroit et ses collègues sont prudents quant à l’estimation de la taille d’H. luzonensis, car il n’y a que peu de vestiges. Mais compte tenu de ses petites dents et de la taille de l’os du pied découvert en 2010, ils estiment que sa taille se situait dans la fourchette des petits H. sapiens, comme les membres de certains groupes ethniques indigènes vivant aujourd’hui sur l’île Luzon et ailleurs aux Philippines, collectivement désignés sous le nom de Négritos. Les hommes de ces groupes vivant sur l’île de Luzon ont une taille moyenne d’environ 151 centimètres et les femmes d’environ 142 centimètres.
Les chercheurs sont divisés sur la façon dont H. luzonensis s’intègre dans l’arbre généalogique humain. Florent Détroit privilégie l’idée que la nouvelle espèce descend d’un groupe d’Homo erectus ayant progressivement évolué vers une forme différente.
« Les îles présentent souvent différentes voies d’évolution, explique Gerrit van den Bergh, paléontologue à l’université de Wollongong, en Australie. On peut imaginer qu’en arrivant sur des îles comme Luzon ou Florès, Homo erectus n’avait plus besoin d’être taillé pour la course de fond, mais plutôt de s’adapter pour passer la nuit dans les arbres. »
Mais, étant donné les similitudes de l’espèce avec Australopithecus, Matthew Tocheri, de l’université Lakehead, à Thunder Bay, au Canada, se demande si les habitants de la grotte de Callao ne descendent pas d’une lignée qui aurait migré hors d’Afrique avant Homo erectus.
Le matériel génétique pourrait aider les scientifiques à identifier la relation de cette nouvelle espèce avec d’autres hominidés, mais les efforts pour extraire l’ADN d’H. luzonensis ont échoué jusqu’ici. Cependant, les os et les dents ont été datés d’au moins 50 000 ans. Cela suggère que l’espèce a pu vivre en Asie du Sud-Est en même temps qu’H. sapiens, H. floresiensis et même des Dénisoviens, un groupe dont l’ADN a été trouvé chez des hommes contemporains en Asie du Sud-Est.
« L’Asie du Sud-Est insulaire semble être pleine de surprises paléontologiques qui compliquent le tableau de l’évolution humaine », conclut William Jungers, paléoanthropologue à l’université de Stony Brook, à New York.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire