mercredi 20 novembre 2013

L'architecture gallo-romaine doit autant aux Gaulois qu'aux Romains

Les Gallo-Romains ont appris de Rome la construction en pierre. Mais l'architecture de leurs bâtiments doit aussi beaucoup à celle des édifices gaulois en bois.
La conquête de la Gaule par les Romains en 52 av. J.-C. est souvent considérée comme un bouleversement profond des sociétés gauloises. Les Gaulois auraient en effet rapidement adopté l'usage de thermes, des théâtres, etc. En architecture en particulier, les Romains auraient importé leurs constructions en pierre pour remplacer les édifices en bois des Gaulois. Mais les spécialistes de la période, réunis en colloque début octobre à Toulouse, remettent en question ce scénario : des découvertes récentes suggèrent que l'architecture gallo-romaine serait la continuation en pierre d'une architecture gauloise en bois qui a disparu [1].
L'un des déclencheurs de cette théorie a été la découverte en 2011 des vestiges d'un théâtre gaulois, à Corent, dans le Puy-de-Dôme. Juste au-dessus se trouvait un théâtre gallo-romain en pierre qui lui aurait succédé. L'origine de ces édifices fréquents dans la Gaule romaine semblait donc gauloise. Ce qui expliquerait en outre pourquoi ces théâtres différaient de leurs analogues dans le reste du monde romain.
Une hypothèse d'autant plus plausible qu'une telle continuité entre Gaulois et Gallo-Romains avait été observée dans d'autres édifices, les fanums. Mais elle restait discutée, car ces derniers semblaient avoir changé d'affectation dans l'opération : à l'époque gauloise, les fanums étaient en majorité des bâtiments de fermes. Et ils étaient devenus des temples à l'époque gallo-romaine. De même, le théâtre gaulois de Corent était probablement plus un édifice de réunion politique qu'un lieu de spectacle.
Palais en bois
Un troisième type de bâtiment renforce l'idée d'une continuité architecturale. C'est ce qu'indique la fouille, à Batilly-en-Gâtinais dans le Loiret, des restes d'une sorte de palais aristocratique gaulois en bois du IIe au Ier siècle av. J.-C. « Son plan s'apparente clairement à ceux des grandes villas gallo-romaines de la partie nord de la France, avec une partie résidentielle devant une vaste esplanade qui est bordée de bâtiments agricoles », indique Stephan Fichtl, de l'université de Tours. Là aussi, ces villas semblent suivre un modèle gaulois.
Tous ces indices poussent de plus en plus d'archéologues à estimer que la conquête n'a pas constitué une rupture radicale. Au contraire, les sociétés gauloises auraient évolué lentement, intégrant peu à peu divers éléments extérieurs, issus des cultures grecques, romaines et des autres peuples d'Italie.
Des découvertes récentes montrent en particulier que l'architecture gauloise subissait les influences de ses voisins. Par exemple, les Gaulois n'utilisaient pas que le toit de chaume, mais aussi des tuiles de terre cuite comme en Italie. En outre, à l'instar des sociétés grecques et italiennes, les familles gauloises aisées ornaient parfois leur intérieur de peintures murales, comme l'a révélé un fragment découvert à Batilly.

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