Les gènes des lève-tôt
Les femmes et les personnes âgées seraient plus matinales que les hommes. C’est en partie génétique : on a découvert 15 gènes associés à ce rythme de vie.
Bénédicte Salthun-Lassalle
Footing à 6 heures du matin, réunion à 8 heures, coucher à 21 heures : ce rythme ne convient pas à tout le monde. Comme certains n’apprécient pas les « nocturnes » au travail ou les soirées s’achevant à l'aube. L’important est de respecter sa propre « horloge » biologique pour être en bonne santé physique et psychologique. Or ce rythme est en partie inscrit dans nos gènes, d’après Youna Hu et ses collègues de la société californienne d’analyse génétique 23andMe.
Notre horloge circadienne repose sur une réalité biologique : au centre de notre cerveau, les noyaux suprachiasmatiques règlent nos alternances de veille et de sommeil. L’expression cyclique de certains gènes dans ces noyaux commande leur activité rythmique selon une période de 24 heures et quelques minutes, et la lumière solaire la recale sur 24 heures en aidant les noyaux à s’adapter aux saisons. Quand ces derniers sont actifs, ils inhibent la glande pinéale, à la base du cerveau, qui sécréte la mélatonine, « l’hormone du sommeil ». Quand ils sont inactifs, la mélatonine est libérée dans l’organisme et notre vigilance baisse.
Les chercheurs ont analysé le génome de près de 90 000 personnes, ainsi que leur façon de vivre et de dormir. Ils ont montré que plus de 50 % des participants sont du soir, 40 % du matin, les 10 % restants n’étant ni vraiment de l’un, ni vraiment de l’autre. Parmi les matinaux, il y a près de 60 % de femmes pour moins de 40 % d’hommes. En outre, plus nous sommes âgés, plus nous sommes du matin. L’étude suggère aussi que les lève-tôt auraient besoin de moins de 8 heures de sommeil par jour et auraient moins de risques que les personnes qui veillent tard de souffrir de troubles du sommeil (insomnie ou apnée du sommeil), de dépression, de maigreur ou d’obésité.
Qu’a révélé l’étude génétique des participants ? Quinze régions chromosomiques ont été associées au fait d’être plutôt du matin, sept étant déjà connues pour intervenir dans l’horloge circadienne. Par exemple, un gène est impliqué dans la narcolepsie (la maladie du sommeil), un autre dans la durée du sommeil paradoxal, et une région joue un rôle important dans l’obésité.
Toutefois, malgré le très grand nombre de participants, les chercheurs n’ont pas pu prouver (statistiquement) que ces gènes sont la cause des bénéfices liés au fait de se lever tôt. Selon Isabelle Arnulf, chercheuse neurologue au Service des pathologies du sommeil à la Pitié-Salpêtrière, « le questionnaire de phénotype soumis aux participants [leurs caractéristiques physiques et psychologiques] était trop limité, ce qui expliquerait leurs difficultés à conclure. Quand on utilise un questionnaire “validé“ scientifiquement pour ce genre d’études, on constate par exemple qu’il n’y a pas autant de personnes matinales dans la population générale. » C’est peut-être aussi le signe que d’autres gènes interviennent sûrement, ainsi que d’autres facteurs – environnementaux, socio-économiques ou psychologiques.
http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actu-les-genes-des-leve-tot-36520.php
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