mardi 17 février 2015

Exemple de spéciation

Une fenêtre sur l’évolution

L’évolution est l’ensemble des transformations élémentaires des êtres vivants dues aux mutations génétiques, en liaison avec la sélection qu’opère le milieu de vie (Hachette, 1992).
S’il est une famille qui illustre bien ce principe, c’est sans aucun doute les Géospizes des Galápagos, plus connus sous le nom de Pinsons de Darwin.
Cette famille d’oiseaux a été découverte et étudiée pour la première fois par Darwin. Ils ont permis d’appuyer sa théorie concernant le rôle de la dérive génétique et de la sélection naturelle dans diverses échelles de temps sur les organismes complexes. Cette dérive va conduire à diverses tailles de becs et de corps qui vont permettre la survie de certaines espèces au profit d’autres par sélection naturelle.
Pinson de Darwin


On estime que le premier Pinson est arrivé sur l’île il y a environ 2.3 millions d’années. Les espèces proviennent d’un ancêtre sud-américain (le Pinson de Sainte Lucie) qui a subi une hybridation et a effectué des déplacements d’îles en îles. La parenté de ces oiseaux est visible par leur bec orangé qui vire au noir pendant la période de reproduction.
Malgré le fait qu’ils aient été découverts par Darwin, c’est l’ornithologue John Gould (1804-1881) qui les a classés. Ils appartiennent à l’ordre des Passériformes. Ils sont donc plus proches des Tangaras que des vrais Pinsons (d’où l’appellation Géospizes). Les Pinsons des Galápagos sont de la famille des Thérapsidés. On peut décomposer cette famille en 14 espèces (certains diront 13) réparties en 4 genres (Géospiza, Camarhynchus, Certhidea et Platyspiza). Actuellement, une espèce est en cours de spéciation. Une 15ème espèce, le Spinze des Cocos, existe et appartient au genre Pinaroloxias. Sur l’île Coco, la nourriture est très diverse, il y a donc une spéciation individuelle due à l’absence de compétition.
Les différentes espèces




Cette famille s’adapte rapidement aux variations climatiques (fortes pluies ou sécheresse). Ils ont différentes formes et tailles de becs. Chacun est adapté à leur régime et donc, à leur environnement. Les femelles ont un bec plus long, peu importe l’espèce. Les Pinsons possèdent un corps dont la longueur est comprise entre 10 et 20 cm. Leur livrée est sombre (brune ou noire).
Aux Galápagos, le bec est adapté aux habitats et aux ressources présentes sur les différentes îles. Sur Coco, la façon de chercher sa nourriture est adaptée aux divers habitants de cette même île.
Il y a 2.3 millions d’années, on était en présence d’importants bouleversements climatiques ; c’était également la période durant laquelle l’isthme de Panama s’est refermé et le Pléistocène a connu une importante période de glaciation. Certaines îles étaient donc reliées entre elles, ce qui a permis la répartition des espèces.
Ce sont des îles qui n’ont jamais été réellement colonisées par l’Homme, c’est donc un ensemble d’îles volcaniques vierges. Elles regroupent ainsi un ensemble d’êtres vivants suffisamment isolés génétiquement des autres espèces

La pression sélective ainsi que l‘isolement géographique ont contribué à la fixation des caractères, notamment la variation des becs. Cela a permis la spéciation des Pinsons.
Peter et Rosemary Grant furent les premiers à publier des travaux sur l’importance de l’expression du gène BMP4 (codant pour la protéine éponyme). Cette protéine va contribuer à la diversification des tailles et formes de becs. La protéine Bmp4 produit des becs plus robustes lorsque son expression est maximale. Cette expression a lieu durant le développement embryonnaire : plus il est précoce, et plus le Pinson sera en possession d’un bec imposant.
Ce gène de grande héritabilité est un facteur de spéciation produite par la dérive génétique pour certaines espèces.

L’alimentation de cette espèce est à base de graines de petites ou grandes tailles. Cela produit des conflits entre individus, s’il y a une sécheresse ou des pluies importantes, et va contribuer à la fluctuation du nombre d’oiseaux dans chacune des espèces.
Il y a eu une immigration d’autres Pinsons du continent dans les années 80. Cela a augmenté la compétition et la variabilité génétique. La sélection naturelle va favoriser la survie des espèces les plus fortes, les plus aptes à survivre dans les conditions les plus dures.
Un lien existe donc entre la végétation de leur milieu (et donc leur régime) ainsi que leur bec. Cela est dû au fait que chaque espèce vit dans des lieux différents.

L'évolution des pinsons se poursuit en temps réel, donc ils sont très appréciés par les biologistes. Les pinsons des Galápagos étudiés par Charles Darwin il y a plus d'un siècle montrent des signes d'évolution. Les becs de ces oiseaux continuent de présenter des changements de leur forme, une adaptation au manque de nourriture et à la compétition avec de nouvelles espèces. Cette modification phénotypique serait la première observée en temps réel dans la nature selon des biologistes.
Prenons l’exemple d’une espèce A mangeant de petites graines, d’une espèce B en mangeant de grosses et d’une dernière C qui a un régime mixte. Lors de sécheresses, une compétition aura lieu comme le montre le graphique ci-dessous. L’espèce qui aura le bec le plus adapté sera, par sélection naturelle, celle qui sera la plus présente dans la région en question à la fin.

Sélection naturelle lors d’une sécheresse



Pour conclure, on peut dire que de nouvelles espèces sont apparues au cours du temps pour survivre dans les variations des conditions environnementales et face à l’interaction des autres espèces. Les Pinsons sont un symbole de l’évolution aux îles Galápagos car des changements opèrent à chaque génération pour pouvoir survivre grâce à différents types de nourritures.
Les aléas climatiques vont entraîner la prolifération de petites ou grosses graines. L’espèce qui aura la bonne forme de bec au bon moment sera celle qui pourra le plus se développer car leur morphologie sera adaptée à la bonne taille de graine, la plus courante dans la zone en question.
Différentes espèces avec des becs différents sont apparues sur différentes îles. Seules les espèces les mieux adaptées aux conditions écologiques locales ont pu survivre par la sélection naturelle.

Sources

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