samedi 21 février 2015

Spéciation

Cheval/âne : bardot, mulet
Sous l’effet de la pression du milieu, de la concurrence entre êtres vivants et du hasard, la diversité des populations change au cours des générations. L'évolution est la transformation des populations qui résulte de ces différences de survie et du nombre de descendants. La diversité du vivant est en partie décrite comme une diversité d'espèces. La définition de l'espèce est délicate et peut reposer sur des critères variés qui permettent d'apprécier le caractère plus ou moins distinct de deux populations (critères phénotypiques, interfécondité, etc.). Le concept d'espèce s'est modifié au cours de l'histoire de la biologie. Une espèce peut être considérée comme une population d'individus suffisamment isolés génétiquement des autres populations. Nous allons ici étudier le cas de deux animaux domestiques : le cheval et l’âne.

Le cheval et l’âne sont apparentés, avec un vieil ancêtre commun puisqu’ils appartiennent à la famille des équidés et au même genre « Equus ». Ce sont des animaux coureurs dont les segments des membres sont très allongés, la main et le pied ne possédant qu’un seul doigt. Ces deux derniers se ressemblent physiquement et ont la possibilité de se reproduire : sont-ils donc de la même espèce ?
Nous ne savons pas en particulier quand a eu lieu la spéciation entre les ânes, les chevaux sauvages, les zèbres et le cheval domestique mais les croisements entre les ânes et les chevaux remontent à l’Antiquité et se sont largement répandus par la suite.
Le mulet (et la mule) est un hybride statistiquement stérile, engendré par un âne et une jument. Le mulet présente les caractéristiques de ses deux parents. D'une taille intermédiaire entre l'âne et la jument, il possède d'un côté la force du cheval et de l'autre la robustesse face aux maladies et la rusticité de l'âne. Il est réputé résistant, courageux et intelligent. Il est infécond, c’est-à-dire que les 63 chromosomes, issus de deux espèces proches mais différentes, ne permettent pas de fabriquer des gamètes. Ceci n’est pas dû au nombre impair de chromosomes mais plutôt à une différence des structures chromosomiques chez les deux espèces parentales. Les mulets sont le plus souvent stériles. En cinq siècles, la société muletière britannique n'a enregistré que 60 naissances naturelles dues à des croisements spontanés entre mulets : cela montre qu’il est quasiment impossible de créer une nouvelle espèce commercialement viable pour les éleveurs, mais aussi l’importance du phénomène de stérilité.
Le mulet


Le bardot (ou bardeau) est un équidé hybride stérile issu du croisement, cette fois-ci, d'un étalon et d'une ânesse. Il est parfois confondu avec le mulet et la mule. Hormis la taille, le bardot est un peu plus proche du cheval que de l'âne, notamment en raison de ses caractéristiques physiques et de sa préférence pour le hennissement, contrairement au mulet. Cependant le bardot est moins réputé que ce dernier puisqu’il possède moins de qualités : force, robustesse. Enfin, cet animal est peu mentionné par les sources historiques mais a été probablement employé à la traction par les Égyptiens.
Le bardot


Ces deux hybrides sont les seuls parmi la famille des équidés qui aient été réellement exploités par l’homme et le seul moyen certain permettant de différencier, à coup sûr, le mulet du bardot est le test ADN.


On pourrait penser que le cheval et l’âne appartiennent à la même espèce par leur ressemblance physique. Cependant, l’expression phénotypique de leurs génomes leur confère des propriétés physiques et comportementales qui diffèrent. De plus, ils sont capables de se reproduire entre eux, mais leurs descendants ne seront pas féconds : il y a donc la notion d’isolement reproductif puisque, sauf rares exceptions, tous leurs hybrides sont stériles. Pourtant, ce sont deux animaux domestiques, vivant dans un environnement semblable.


Pour conclure, l’interfécondité ne permet pas de dire qu’il s’agit de mêmes espèces tandis que la non-interfécondité suffit à dire qu’il s’agit d’espèces différentes. Cette non-interfécondité doit être recherchée aussi et surtout dans les descendants : chevaux et ânes sont interféconds mais leurs hybrides (mulet, bardot) le sont rarement. Les deux populations forment donc des espèces différentes.


Sources :



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