Cheval/âne :
bardot, mulet
Sous
l’effet de la pression du milieu, de la concurrence entre êtres
vivants et du hasard, la diversité des populations change au cours
des générations. L'évolution est la transformation des
populations qui résulte de ces différences de survie et
du nombre de descendants. La diversité du vivant est en partie
décrite comme une diversité d'espèces. La définition de
l'espèce est délicate et peut reposer sur des critères variés
qui permettent d'apprécier le caractère plus ou moins distinct de
deux populations (critères phénotypiques, interfécondité, etc.).
Le concept d'espèce s'est modifié au cours de
l'histoire de la biologie. Une espèce peut être considérée
comme une population d'individus
suffisamment isolés génétiquement des autres
populations. Nous allons ici étudier le cas de deux animaux
domestiques : le cheval et l’âne.
Le
cheval et l’âne sont apparentés, avec un vieil ancêtre commun
puisqu’ils appartiennent à la famille des équidés et au même
genre « Equus ». Ce sont des animaux coureurs dont
les segments des membres sont très allongés, la main et le pied ne
possédant qu’un seul doigt. Ces deux derniers se ressemblent
physiquement et ont la possibilité de se reproduire : sont-ils
donc de la même espèce ?
Nous
ne savons pas en particulier quand a eu lieu la spéciation entre
les ânes,
les chevaux sauvages, les zèbres et le cheval domestique mais les
croisements entre les ânes et les chevaux remontent à l’Antiquité
et se sont largement répandus par la suite.
Le
mulet (et la mule) est un hybride statistiquement stérile, engendré
par un âne et une jument. Le
mulet présente les caractéristiques de ses deux parents. D'une
taille intermédiaire entre l'âne et la jument, il possède d'un
côté la force du cheval et de l'autre la robustesse face aux
maladies et la rusticité de l'âne. Il est réputé résistant,
courageux et intelligent. Il est infécond, c’est-à-dire que les
63 chromosomes, issus de deux espèces proches mais différentes, ne
permettent pas de fabriquer des gamètes. Ceci n’est pas dû au
nombre impair
de chromosomes mais plutôt à une différence des structures
chromosomiques chez les deux espèces parentales. Les mulets sont le
plus souvent stériles. En cinq siècles, la société
muletière britannique n'a
enregistré que 60 naissances naturelles dues à des croisements
spontanés entre mulets : cela montre qu’il est quasiment
impossible de créer une nouvelle espèce commercialement viable pour
les éleveurs, mais aussi l’importance du phénomène de stérilité.
Le
mulet
Le bardot
(ou bardeau)
est un équidé hybride
stérile issu
du croisement, cette fois-ci, d'un étalon et
d'une ânesse.
Il est parfois confondu avec le mulet et
la mule. Hormis la taille, le bardot est un peu plus proche du cheval
que de l'âne, notamment en raison de ses caractéristiques physiques
et de sa préférence pour le hennissement,
contrairement au mulet. Cependant le bardot est moins réputé que ce
dernier puisqu’il possède moins de qualités : force,
robustesse. Enfin, cet animal est peu mentionné par
les sources historiques mais a été probablement employé à la
traction par les Égyptiens.
Le
bardot
Ces
deux hybrides sont les seuls parmi la famille des équidés qui aient
été réellement exploités par l’homme et le seul moyen certain
permettant de différencier, à coup sûr, le mulet du bardot est le
test ADN.
On
pourrait penser que le cheval et l’âne appartiennent à la même
espèce par leur ressemblance physique. Cependant, l’expression
phénotypique de leurs génomes leur confère des propriétés
physiques et comportementales qui diffèrent. De plus, ils sont
capables de se reproduire entre eux, mais leurs descendants ne seront
pas féconds : il y a donc la
notion d’isolement reproductif puisque, sauf rares exceptions, tous
leurs hybrides sont stériles. Pourtant, ce sont deux animaux
domestiques, vivant dans un environnement semblable.
Pour
conclure, l’interfécondité
ne permet pas de dire qu’il s’agit de mêmes espèces tandis que
la non-interfécondité suffit à dire qu’il s’agit d’espèces
différentes. Cette non-interfécondité doit être recherchée aussi
et surtout dans les descendants : chevaux et ânes sont interféconds
mais leurs hybrides (mulet, bardot) le sont rarement. Les deux
populations forment donc des espèces différentes.
Sources :
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