LA
MOUCHE DE LA POMME, SELECTION DIVERSIFIANTE : CAS DE SPECIATION
SYMPATRIQUE.
- Présentation.
L'aubépine est un
arbre qui pousse en de nombreux endroits d’Amérique du Nord et
produit il un petit fruit, la cenelle, consommé par une larve de
mouche. En 1864, des pomiculteurs de l'État de New York découvrent
une larve encore jamais vue se nourrissant de pommes. Mais au fil des
années, une population de mouches de l'aubépine s'est différenciée
progressivement en privilégiant le fruit de la pomme plutôt que
celui de l'aubépine. Le premier relevé officiel a été
réalisé en Ontario en 1896. En 1905, son aire de distribution se
rendait jusqu'au Québec. Quelques années plus tard, on découvrit
l'insecte près de la Nouvelle-Écosse et il est maintenant repérable
dans tout l’est du Canada.
Les mouches
appartenant au genre Rhagoletis
sont également membres de la classe des Diptères
(groupe comprenant
des insectes qui ne possèdent qu'une seule paire d'ailes
fonctionnelles)
et de la famille des Trypétidés.
Leurs larves se nourrissent uniquement de fruits tandis que les
adultes se nourrissent des sucs émis à la suite de blessure(s)
d’une plante, ou bien de nectar des fleurs. Rhagoletis.
pomonella
(traduit par « la mouche de la pomme » en français)
est une espèce indigène se trouvant dans l'Est de l'Amérique du
Nord. A la base, elle se reproduisait dans le fruit de l'aubépine.
La mouche de la pomme
s’introduit dans la chair de la pomme dans toutes les directions,
se nourrissant de la pulpe et laissant des galeries brunes. Lorsqu'un
fruit est infesté par plusieurs larves, il finit par se décomposer,
car sa chair n'est plus qu'un réseau d'alvéoles. Les fruits
infestés sont généralement difformes.
Conséquence
de la mouche sur le fruit.
Arrivé à son stade
adulte (mouche), les dimensions de l’insecte atteignent environ 2 à
4 mm de longueur et il est facilement visible grâce aux quatre
bandes noires irrégulières ou en zigzag qui ornent ses ailes. Le
mâle se caractérise de la femelle en arborant trois bandes blanches
sur l'abdomen contre quatre identiques sur celui de la femelle, par
ailleurs nettement plus grosse. Les œufs sont en forme d’ellipse
et mesurent environ 0,9 mm de longueur. Au terme de leur
développement, les larves apodes (= qui n’ont pas de pattes)
mesurent habituellement 6,5 à 8 mm de longueur. Les pupes
(=stade intermédiaire entre l'état de larve
et celui final d'un individu dont le développement se déroule en
plusieurs phases, lors de la métamorphose)
sont de forme
ovales, de couleur ocre et elles mesurent plus ou moins 5 mm de
longueur.
Stade
de larve. Stade adulte (mâle).
Stade adulte (femelle).
- Un cas de spéciation sympatrique.
Quelques
définitions :
Sympatrie :
désigne
l'existence de deux espèces
phylogénétiquement proches, vivant sur un même territoire, mais ne
s'hybridant pas (n'ayant pas de descendance).
Nous
avons vu que Rhagoletis
pomonella était
initialement une
grande
consommatrice d’aubépine mais qu’au fil des générations, cette
espèce s’est attaquée aux pommes et nous distinguons aujourd’hui
2 formes différentes de Rhagoletis
pomonella :
celle
d’origine se nourrissant d’aubépine et celle, nouvelle, mangeant
les pommes. Dans la nature, certaines
mouches de la pomme préfèrent de s'accoupler sur l'aubépine et
pondre leurs œufs fécondés dans les cenelles tandis que les autres
ont une préférence pour l'accouplement et la ponte des œufs
fécondés dans des pommes. Le pourcentage de reproduction entre les
2 formes dans la nature varie entre 4% et 6%, donc est très faible
mais leur descendance, lorsqu’il y en a une, est féconde. Or par
définition, une espèce est un « groupe d’êtres
vivants pouvant se reproduire entre eux et dont la descendance est
fertile ». Nous serions donc tentés de dire que ces 2 formes
n’appartiennent qu’à une seule et même espèce mais leurs
conditions d’habitat, respectivement déterminées par la pomme et
par l’aubépine sont bien différentes et la sélection naturelle
fait que les différences entre les 2 formes sont de plus en plus
importantes, par exemple dans la durée de développement des larves
et le moment de la reproduction. Comme les 2 groupes ont de moins en
moins l’occasion de se rencontrer dans la nature et que leurs
différences s’accroît, une sorte de « barrière» se
forme et il y a isolement reproductif. Donc 2 espèces bien
distinctes se sont développées et cette « mouche de la
pomme »est bien un cas de spéciation sympatrique.
Sources :
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