vendredi 20 février 2015

Exemple de spéciation

LA MOUCHE DE LA POMME, SELECTION DIVERSIFIANTE : CAS DE SPECIATION SYMPATRIQUE.
  1. Présentation.
L'aubépine est un arbre qui pousse en de nombreux endroits d’Amérique du Nord et produit il un petit fruit, la cenelle, consommé par une larve de mouche. En 1864, des pomiculteurs de l'État de New York découvrent une larve encore jamais vue se nourrissant de pommes. Mais au fil des années, une population de mouches de l'aubépine s'est différenciée progressivement en privilégiant le fruit de la pomme plutôt que celui de l'aubépine. Le premier relevé officiel a été réalisé en Ontario en 1896. En 1905, son aire de distribution se rendait jusqu'au Québec. Quelques années plus tard, on découvrit l'insecte près de la Nouvelle-Écosse et il est maintenant repérable dans tout l’est du Canada.
Les mouches appartenant au genre Rhagoletis sont également membres de la classe des Diptères (groupe comprenant des insectes qui ne possèdent qu'une seule paire d'ailes fonctionnelles) et de la famille des Trypétidés. Leurs larves se nourrissent uniquement de fruits tandis que les adultes se nourrissent des sucs émis à la suite de blessure(s) d’une plante, ou bien de nectar des fleurs. Rhagoletis. pomonella (traduit par « la mouche de la pomme » en français) est une espèce indigène se trouvant dans l'Est de l'Amérique du Nord. A la base, elle se reproduisait dans le fruit de l'aubépine. La mouche de la pomme s’introduit dans la chair de la pomme dans toutes les directions, se nourrissant de la pulpe et laissant des galeries brunes. Lorsqu'un fruit est infesté par plusieurs larves, il finit par se décomposer, car sa chair n'est plus qu'un réseau d'alvéoles. Les fruits infestés sont généralement difformes.
Conséquence de la mouche sur le fruit.
Arrivé à son stade adulte (mouche), les dimensions de l’insecte atteignent environ 2 à 4 mm de longueur et il est facilement visible grâce aux quatre bandes noires irrégulières ou en zigzag qui ornent ses ailes. Le mâle se caractérise de la femelle en arborant trois bandes blanches sur l'abdomen contre quatre identiques sur celui de la femelle, par ailleurs nettement plus grosse. Les œufs sont en forme d’ellipse et mesurent environ 0,9 mm de longueur. Au terme de leur développement, les larves apodes (= qui n’ont pas de pattes) mesurent habituellement 6,5 à 8 mm de longueur. Les pupes (=stade intermédiaire entre l'état de larve et celui final d'un individu dont le développement se déroule en plusieurs phases, lors de la métamorphose) sont de forme ovales, de couleur ocre et elles mesurent plus ou moins 5 mm de longueur.
Stade de larve. Stade adulte (mâle). Stade adulte (femelle).
  1. Un cas de spéciation sympatrique.


Quelques définitions :
Spéciation : Processus évolutif permettant à de nouvelles espèces d'émerger.
Sympatrie : désigne l'existence de deux espèces phylogénétiquement proches, vivant sur un même territoire, mais ne s'hybridant pas (n'ayant pas de descendance).
Nous avons vu que Rhagoletis pomonella était initialement une grande consommatrice d’aubépine mais qu’au fil des générations, cette espèce s’est attaquée aux pommes et nous distinguons aujourd’hui 2 formes différentes de Rhagoletis pomonella : celle d’origine se nourrissant d’aubépine et celle, nouvelle, mangeant les pommes. Dans la nature, certaines mouches de la pomme préfèrent de s'accoupler sur l'aubépine et pondre leurs œufs fécondés dans les cenelles tandis que les autres ont une préférence pour l'accouplement et la ponte des œufs fécondés dans des pommes. Le pourcentage de reproduction entre les 2 formes dans la nature varie entre 4% et 6%, donc est très faible mais leur descendance, lorsqu’il y en a une, est féconde. Or par définition, une espèce est un « groupe d’êtres vivants pouvant se reproduire entre eux et dont la descendance est fertile ». Nous serions donc tentés de dire que ces 2 formes n’appartiennent qu’à une seule et même espèce mais leurs conditions d’habitat, respectivement déterminées par la pomme et par l’aubépine sont bien différentes et la sélection naturelle fait que les différences entre les 2 formes sont de plus en plus importantes, par exemple dans la durée de développement des larves et le moment de la reproduction. Comme les 2 groupes ont de moins en moins l’occasion de se rencontrer dans la nature et que leurs différences s’accroît, une sorte de « barrière» se forme et il y a isolement reproductif. Donc 2 espèces bien distinctes se sont développées et cette « mouche de la pomme »est bien un cas de spéciation sympatrique.
Sources :

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