Ces capillaires assurent la
majeure partie de la circulation sanguine dans les os et participeraient
aux échanges entre la moelle osseuse et la circulation sanguine
globale.
Quand l’accès aux veines périphériques s’avère
compliqué, les médecins urgentistes optent souvent pour une injection
intra-osseuse, aussi efficace qu’une injection intraveineuse. Cette
pratique médicale montre que l’os est un point d’entrée vers la
circulation sanguine globale. Le fait que les cellules du système
immunitaire produites par la moelle osseuse passent très vite dans le
sang est autre élément en ce sens. Or les modèles ne font état que d’un
petit nombre d’entrées artérielles et de sorties veineuses dans les os,
chaque vaisseau ayant besoin d’un canal pour traverser ce matériau
dense. Dès lors, comment un échange performant et rapide entre l’os et
la circulation sanguine globale peut-il exister ? Grâce à des techniques
de pointe en imagerie, la microscopie à feuillet de lumière (LSFM) et
la microscopie à rayons X, Anika Grüneboom et ses collègues, de
l’université de Duisbourg et Essen, en Allemagne, ont dévoilé et
caractérisé un réseau de centaines de microcapillaires sanguins dans la
section perpendiculaire des os longs chez la souris.
« Cette technique d’imagerie donne accès à un réseau de vaisseaux de 10 à 20 micromètres de diamètre, impossibles à voir en histologie classique », estime Frédéric Blanchard, chercheur Inserm à l’université de Nantes, qui n’a pas participé aux travaux. « Les chercheurs ont mis en évidence des structures similaires dans des échantillons humains, mais des études complémentaires sont encore nécessaires pour vraiment les caractériser chez l’homme. » Chez la souris, Anika Grüneboom et ses collègues ont caractérisé la fonction de ces vaisseaux : certains sont des artérioles, qui amènent le sang dans l’os, d’autres des veinules, qui ramènent le sang vers la circulation sanguine. Les calculs des chercheurs montrent que plus de 80 % du flux artériel et près de 60 % du flux veineux passent par ces microvaisseaux et non par les vaisseaux principaux déjà connus. « Ce travail bouleverse notre vision de l’irrigation des os, avec des conséquences pour la nutrition de l’os et les échanges entre l’os et la circulation générale », explique Frédéric Blanchard. Les neutrophiles, des cellules de l’immunité innée produites par la moelle osseuse, migrent en particulier par ce réseau en quelques minutes depuis la moelle osseuse en cas de stimulation.
Les chercheurs se sont aussi intéressés au rôle de ces microvaisseaux dans les pathologies articulaires, comme l’arthrite, une destruction chronique inflammatoire de l’os. « Jusqu’à maintenant, les spécialistes voyaient ces maladies comme des apports "extérieurs" de cellules inflammatoires du système sanguin vers la zone d’inflammation sur l’os. L’implication directe de la moelle osseuse sans passage par la circulation sanguine systémique n’était qu’une hypothèse. Mais chez des souris arthritiques chroniques, on observe un développement important de ce réseau de capillaires dans l’os. Cette hypothèse est ainsi sérieusement relancée », juge Frédéric Blanchard.
Ce travail offre donc d’intéressantes pistes thérapeutiques, et pas seulement pour bloquer l’afflux de cellules inflammatoires dans l’arthrite chronique. Par exemple, les patients qui souffrent d’ostéoporose sont traités au zolédronate. Or, Anika Grünboom et ses collègues ont montré que ce composé entraîne une réduction importante du nombre de microvaisseaux. Un effet secondaire du traitement qui expliquerait pourquoi on observe souvent des os « morts », incapables de reformation osseuse, dans les suites de ce traitement. « Par ailleurs, dans les cancers, l’os est souvent touché par les métastases. Ce réseau de capillaires pourrait-il être un point d’entrée pour des cellules cancéreuses ? Les retombées de ce travail sont potentiellement énormes », conclut Frédéric Blanchard.
https://www.pourlascience.fr/sd/biologie/un-reseau-de-microvaisseaux-sanguins-decouvert-dans-les-os-16188.php
« Cette technique d’imagerie donne accès à un réseau de vaisseaux de 10 à 20 micromètres de diamètre, impossibles à voir en histologie classique », estime Frédéric Blanchard, chercheur Inserm à l’université de Nantes, qui n’a pas participé aux travaux. « Les chercheurs ont mis en évidence des structures similaires dans des échantillons humains, mais des études complémentaires sont encore nécessaires pour vraiment les caractériser chez l’homme. » Chez la souris, Anika Grüneboom et ses collègues ont caractérisé la fonction de ces vaisseaux : certains sont des artérioles, qui amènent le sang dans l’os, d’autres des veinules, qui ramènent le sang vers la circulation sanguine. Les calculs des chercheurs montrent que plus de 80 % du flux artériel et près de 60 % du flux veineux passent par ces microvaisseaux et non par les vaisseaux principaux déjà connus. « Ce travail bouleverse notre vision de l’irrigation des os, avec des conséquences pour la nutrition de l’os et les échanges entre l’os et la circulation générale », explique Frédéric Blanchard. Les neutrophiles, des cellules de l’immunité innée produites par la moelle osseuse, migrent en particulier par ce réseau en quelques minutes depuis la moelle osseuse en cas de stimulation.
Les chercheurs se sont aussi intéressés au rôle de ces microvaisseaux dans les pathologies articulaires, comme l’arthrite, une destruction chronique inflammatoire de l’os. « Jusqu’à maintenant, les spécialistes voyaient ces maladies comme des apports "extérieurs" de cellules inflammatoires du système sanguin vers la zone d’inflammation sur l’os. L’implication directe de la moelle osseuse sans passage par la circulation sanguine systémique n’était qu’une hypothèse. Mais chez des souris arthritiques chroniques, on observe un développement important de ce réseau de capillaires dans l’os. Cette hypothèse est ainsi sérieusement relancée », juge Frédéric Blanchard.
Ce travail offre donc d’intéressantes pistes thérapeutiques, et pas seulement pour bloquer l’afflux de cellules inflammatoires dans l’arthrite chronique. Par exemple, les patients qui souffrent d’ostéoporose sont traités au zolédronate. Or, Anika Grünboom et ses collègues ont montré que ce composé entraîne une réduction importante du nombre de microvaisseaux. Un effet secondaire du traitement qui expliquerait pourquoi on observe souvent des os « morts », incapables de reformation osseuse, dans les suites de ce traitement. « Par ailleurs, dans les cancers, l’os est souvent touché par les métastases. Ce réseau de capillaires pourrait-il être un point d’entrée pour des cellules cancéreuses ? Les retombées de ce travail sont potentiellement énormes », conclut Frédéric Blanchard.
https://www.pourlascience.fr/sd/biologie/un-reseau-de-microvaisseaux-sanguins-decouvert-dans-les-os-16188.php
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