Dans une tribune pour le Journal de Montréal, l’essayiste Mathieu Bock-Côté revient sur l’évolution « facile à prévoir » de la loi sur le suicide assisté. Il réagissait aux propos de Luc Ferrandez[1] qui suggère d’élargir l’aide médicale à mourir pour « des raisons environnementales, sociales et économiques », afin de « ne pas constituer un fardeau pour notre famille et la société en général ».
Au départ, « une mesure se présentant comme un geste nécessaire d’empathie », uniquement « réservée aux personnes en fin de vie, victimes d’une maladie incurable et souffrant de douleurs extrêmes ». Un droit nouveau certes, mais dont la société « savait la gravité ». Puis, une fois voté, « les réserves se sont dissipées » et l’objectif est devenu de « faire tomber les limites » qui l’avaient d’abord encadré. Finalement, c’est « une révolution philosophique » qui a eu lieu. L’essayiste le déplore : « C’est moins le suicide assisté qui nous révolte, aujourd’hui, que l’idée même de l’encadrer ». Il analyse : « L’homme de notre temps se veut absolument maître de lui-même ». Ainsi, « mourir
doit devenir un acte volontaire, et le système de santé, dans la mesure
du possible, doit aider l’individu à réaliser ses volontés ».
Face à ces évolutions, Mathieu Bock-Côté interroge : « Suffira-t-il
un jour de simplement se présenter dans une clinique pour en finir, à
condition de remplir le formulaire administratif de consentement
approprié ? » Le patient « devra-t-il au moins ajouter un
motif ? Par exemple, à la raison du suicide, devra-t-il répondre : ‘ je
ne veux plus être un fardeau pour mes enfants’ ? Ou encore : ‘je ne veux
plus contribuer aux changements climatiques’ ? » Finalement l’essayiste se demande : « Comment
ne pas y voir le triomphe d’un nihilisme ayant en plus le culot de se
présenter comme l’ultime accomplissement de la démocratie et de
l’humanisme ? »
Pour aller plus loin :
« Entourer les personnes souffrant de solitude est une option plus humaine que l’injection létale »
Le Pape François nie un possible fondement juridique au « droit à mourir »
Euthanasie : l’objection de conscience du médecin pas toujours comprise
Pour Emmanuel Hirsch, l’éthique est « cette capacité d’être attentif à ce qui nous humanise »
http://genethique.org/fr/aide-medicale-mourir-un-nihilisme-ayant-en-plus-le-culot-de-se-presenter-comme-lultime-72767.html#.Xeo0cBtCddg
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