3,2,3/ Acquisition d’un répertoire immunitaire
1/ Tolérance immunitaire
-
Recenser, extraire et exploiter des informations, y compris
expérimentales, sur les cellules et les molécules intervenant dans
l'immunité́ adaptative.
C’est dans les organes
lymphoïdes primaires que la plus grande partie des lymphocytes
capables de percevoir le soi (autoréactifs) sont éliminés par
apoptose
Les organes lymphoïdes doivent donc posséder un
échantillon des signaux du soi Les cellules
présentatrices d’antigène (et en particulier les cellules
dendritiques) jouent un rôle fondamental dans le maintien ou la
rupture de la tolérance immunitaire
Un lymphocyte en contact ligand-récepteur avec
une cellule présentatrice de l'antigène (dendritique ou macrophage)
va être mis en
- anergie ou
- apoptose ou
- prolifération
La nature du problème :
- Les lymphocytes T et les lymphocytes B perçoivent constamment des signaux antigéniques auxquels il serait in/opportun de répondre
- Un système de filtrage actif des signaux doit donc être mis en place.
- L’effet de ce filtrage, c’est la tolérance immunitaire
coopération
entre immunité innée et adapative
cellules
dendritiques
- éliminer les cellules autoréactives
- garder des cellules tolérantes au soi et intolérantes à un antigène
lymphocytes
B → plasmocytes sécrétant des Immunoglobulines
lymphocytes
cytotoxiques : LT CD8 → LTcytotoxique
lymphocytes
T CD4 → lymphocytes T auxiliaire sécrétant des Interleukines
IL
= Interleukines [entre - globules blancs]
Les
cellules activées (LTc, LTa, Plasmo¢)
prolifèrent dans les ganglions lymphoïdes
complexe
majeur d’histocompatibilité (CMH)
Dans
la diversité produite, une première sélection élimine ce qui est
incompatible avec le soi, évitant des réactions immunitaires qui se
déclencheraient contre des parties saines de l'organisme. Les
cellules restantes de l'immunité adaptative circulent dans un état
dormant dans le sang et dans la lymphe.
Elle
assure une action spécifique contre des motifs moléculaires portés
par des agents infectieux ou des cellules anormales.
Elle
met en jeu des molécules et des cellules particulières, notamment
les anticorps et les cellules qui les produisent.
2/ Liens immuns entre mère et fœtus
01/10/2012 par Cécile Klingler dans mensuel
La Recherche n°468 page 52
D'après les règles immunologiques, l'embryon,
à moitié étranger pour la mère, devrait être rejeté. Au
contraire, c'est parce qu'il est étranger qu'il est accepté.
Pourquoi l'embryon n'est-il pas rejeté par sa
mère ? Il le devrait pourtant. En effet, les molécules qui
constituent sa « carte d'identité immunologique » sont, pour
moitié, codées par des gènes lui venant de son père. Pour le
système immunitaire de sa mère, il est donc à moitié étranger.
Il l'est même totalement dans deux cas : lorsqu'il est conçu par
fécondation in vitro FIV avec don d'ovocyte, ou lorsqu'il
grandit dans le ventre d'une mère porteuse. Or, l'immunologie «
classique » ne considère-t-elle pas que le système immunitaire
rejette ce qui lui est étranger ? Longtemps restée sans réponse,
l'énigme est aujourd'hui en passe d'être résolue. Avec à la clé,
un constat étonnant : pour qu'une grossesse
se passe bien, il faut paradoxalement que les cellules immunitaires
de la mère détectent l'étranger qui est en elle.
« Cet étranger, ce n'est pas le foetus
lui-même, rappelle Philippe Le Bouteiller, spécialiste de
l'immunité de la gestation au centre de physiopathologie de
Toulouse-Purpan. Car il n'est jamais directement en contact avec
les tissus maternels. Il en est séparé par un tissu appelé
trophoblaste, qui sert d'interface. » Trophoblaste et foetus
ont la même origine : l'embryon âgé de 5 ou 6 jours, une sphère
quasi creuse à l'exception d'un petit amas de cellules accolé à
l'enveloppe. L'amas, ou « bouton embryonnaire », donne le foetus.
Le trophoblaste, lui, dérive de l'enveloppe. Son rôle est décisif
: ce sont les cellules du trophoblaste qui permettent à l'embryon de
pénétrer dans la muqueuse utérine. Ce sont elles, également, qui
forment la partie foetale du placenta, où certaines sont en contact
avec le sang maternel, et d'autres avec la muqueuse utérine,
qu'elles envahissent.
C'est là, à la jonction entre le trophoblaste et
la muqueuse utérine, que tout se joue. Car les cellules du
trophoblaste ne sont pas « invisibles » sur le plan immunologique.
Certes, elles sont plus discrètes que les cellules adultes : on ne
trouve à leur surface qu'une fraction des molécules qui constituent
la « carte d'identité immunologique » de chacun de nous, les
molécules du CMH, le complexe majeur d'histocompatibilité. Les
molécules du CMH dit de « classe II », qui interviennent dans
l'activation de toute une catégorie de lymphocytes, sont absentes.
De même que, dans le trophoblaste humain, les principales molécules
du CMH dit de « classe I » : les molécules HLA-A et HLA-B, qui
jouent un rôle décisif dans le rejet de greffe.
Mais à défaut d'exprimer HLA-A et HLA-B, les
cellules du trophoblaste qui sont au contact de la muqueuse utérine
expriment tout de même le marqueur HLA-C et des marqueurs peu
courants chez les cellules adultes : HLA-G (également produit sous
forme soluble) et HLA-E. De quoi attirer l'attention des cellules
immunitaires maternelles.
Dialogue entre cellules
Or, c'est exactement ce qui se passe ! «
Durant le premier trimestre de la grossesse, la muqueuse utérine se
transforme considérablement, explique Philippe Le Bouteiller.
Y compris sur le plan immunologique. On constate en particulier un
afflux de cellules "tueuses" dites NK (natural
killer). Elles constituent environ 70 % des cellules immunitaires
maternelles présentes, soit un pourcentage beaucoup plus important
que dans la circulation sanguine. » Le nom de ces cellules veut
tout dire : leur rôle est de tuer. Tuer les cellules qui expriment
des marqueurs étrangers. Pourtant, dans la muqueuse utérine, elles
ne le font pas. Pourquoi ? «
Parce qu'un dialogue
s'instaure entre les cellules immunitaires maternelles et les
cellules du trophoblaste,
répond Philippe Le Bouteiller. Un dialogue, pas un
combat. »
À tout dialogue son langage, et celui-ci passe
par des molécules. L'une d'elles a suscité un très vif intérêt
au cours des années 1990, au point d'être considérée par certains
comme « la » molécule responsable de l'acceptation du foetus par
la mère : la molécule HLA-G, dont on a découvert qu'elle inhibe
les cellules NK.
Lorsque l'équipe de Robert DeMars, de
l'université du Wisconsin, la met en évidence en 1990, c'est la
première molécule du CMH repérée au niveau du trophoblaste humain
[1]. D'où l'hypothèse que HLA-G pourrait jouer un rôle
dans la protection du placenta vis-à-vis du rejet. L'hypothèse se
révèle exacte, et le mécanisme mis en oeuvre est élucidé au fil
des années 1990, en particulier par l'équipe d'Edgardo Carosella,
du service d'immuno-hématologie de l'hôpital Saint-Louis, à Paris.
Des expériences sont menées avec des lignées de cellules humaines
en culture, ainsi qu'avec des placentas issus d'IVG. Elles montrent
que HLA-G
se fixe à un récepteur de type inhibiteur situé à la surface des
cellules tueuses. Cette fixation bloque la libération des substances
grâce auxquelles ces cellules détruisent leurs cibles.
Voilà qui explique tout ? Non. Car dans le même
temps, on découvre que les cellules invasives du trophoblaste humain
expriment une autre molécule du CMH : le marqueur HLA-C. Or ce
marqueur est susceptible d'attirer et d'activer une autre catégorie
de cellules immunitaires potentiellement néfastes, les lymphocytes
cytotoxiques T CD8.
Ce n'est pourtant pas le cas : les lymphocytes T
CD8 sont peu nombreux dans la muqueuse utérine lors de la grossesse,
et n'y sont pas actifs. Pourquoi ? Là encore, HLA-G semble jouer un
rôle important, sous sa forme soluble cette fois : en se fixant sur
le récepteur CD8 des lymphocytes, il provoquerait leur mort. Tandis
que d'autres molécules à l'action immunosuppressive, sécrétées
par le trophoblaste, limitent leur prolifération.
Or, « cette mise au pas des lymphocytes T
cytotoxiques comporte un aspect fascinant, souligne Gérard
Chaouat, de l'Institut universitaire d'hématologie, à Paris. En
effet, pour que les lymphocytes CD8 soient bloqués de la sorte, il
faut qu'ils aient été activés au préalable. Et là,
s'enthousiasme-t-il, on est face à un paradoxe. Car cette
activation - et par conséquent le blocage qui lui succède - n'a
lieu que si les lymphocytes reconnaissent le caractère "étranger"
des marqueurs HLA. » Autrement dit, le fait que les lymphocytes
CD8 maternels reconnaissent le trophoblaste comme étranger est utile
à la protection du foetus.
Transformation bénéfique
Ce paradoxe, captivant, l'est d'autant plus qu'il
s'étend aujourd'hui aux cellules tueuses NK ! On l'a vu, la capacité
destructrice de ces cellules est inhibée dans la muqueuse utérine.
Ce qui est indispensable, certes. Mais, inhibées
d'un côté, les cellules NK utérines sont activées de l'autre. Et
cela, pour le plus grand bien du foetus. Ofer Mandelboim
et ses collaborateurs, de l'université hébraïque de Jérusalem,
l'ont montré en 2006 : l'activation des
cellules NK de la muqueuse est nécessaire à la formation d'un
placenta pleinement fonctionnel, et cette activation passe par la
reconnaissance du caractère « étranger » du foetus
[2].
« Les
cellules NK reconnaissent les molécules HLA-C paternelles des
cellules du trophoblaste, explique Philippe
Le Bouteiller. Elles sécrètent alors des facteurs
indispensables à la bonne vascularisation du placenta. » Ces
facteurs, dits angiogéniques, favorisent le remodelage des artères
utérines en artères dites « spiralées », plus larges. Un
phénomène indispensable pour que l'apport de sang maternel au
placenta soit suffisant. « Il
faut donc que les cellules trophoblastiques expriment des marqueurs
paternels, qui permettent la détection des tissus foetaux par les
cellules immunitaires maternelles, pour que la grossesse se passe
bien, insiste
Gérard Chaouat. Chez la souris, si on enlève et les lymphocytes
T CD8, et surtout les cellules NK, tous les petits meurent 10 à 12
jours après l'implantation. »
À l'avenir, l'un des principaux problèmes à
résoudre sera de mieux comprendre la transformation des cellules NK
tueuses en cellules NK bénéfiques. D'autant que l'on suspecte qu'un
problème à ce niveau pourrait être responsable de la
pré-éclampsie, une hypertension parfois mortelle liée à une
vascularisation anormale, qui affecte environ 3 % des grossesses.
Toujours concernant les cellules NK, certaines équipes, dont celle
de Philippe Le Bouteiller, s'attachent à étudier la capacité des
cellules NK bénéfiques à redevenir tueuses, lorsque les cellules
de la muqueuse utérine sont infectées par un virus, notamment le
cytomégalovirus.
Mais les cellules NK ne sont pas tout. Une autre
catégorie de cellules immunitaires attire de plus en plus
l'attention : les lymphocytes T régulateurs. Eux aussi sont présents
dans la muqueuse utérine au niveau du placenta. Eux aussi sont
indispensables, du moins chez la souris : si on les supprime, on
observe près de 100 % d'avortements. Mais le plus étrange est que
ces lymphocytes commencent à s'accumuler avant l'implantation de
l'embryon. En 2011, une équipe australienne a montré que le sperme
constituait l'un des facteurs principaux déclenchant de cette
accumulation [3]. D'où cette question, elle aussi
paradoxale : l'acceptation immunologique de l'embryon
commencerait-elle avant même que ce dernier soit créé ?
Références
:
[1]
S. Kovats et
al., Science, 248, 220,
1990.
[2]
J. Hanna et
al., Nature Medicine, 12, 1065,
2006.
[3]
L.R. Guerin et
al., Biol. Reprod., 85, 397,
2011.
molécules
du CMH (complexe majeur d'histocompatibilité) chez les vertébrés
=
molécules HLA (human leucocytes antigen)
Le
CMH humain est dénommé HLA
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