Par Joël Ignasse le 11.05.2023 à 12h16
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Même s'il était incapable de se déplacer, il semble qu'Obamus coronatus (du nom de l'ancien président des Etats-Unis) pouvait choisir avec attention son lieu de villégiature selon des mécanismes encore mal compris.
Obamus coronatus (du nom de l'ancien président des Etats-Unis) vivait il y a 550 millions d'années sur le plancher des océans de l'Edicarien (-635 à -541 Ma). Mesurant un peu plus d'un centimètre de diamètre et ressemblant à un petit beignet torsadé, ses fossiles ont été retrouvés en grand nombre sur un site de l'outback australien devenu, depuis, le parc national de Nilpena Ediacara. Mais la distribution de ces spécimens semble être médiée par des facteurs environnementaux, ont constaté des paléontologues de l'Université Jules Bernstein de Californie à Riverside.
Des fossiles vieux de 550 millions d'années particulièrement bien préservés
Les océans de cette période de l'histoire de la Terre étaient très différents de ce qu'ils sont aujourd'hui. Plus chauds, ils contenaient plus d'oxygène et de nutriments et leurs fonds étaient tapissés d'une couche bactérienne et de plusieurs de matières organiques dont l'épaisseur variait selon les endroits. Sur ces fonds marins, des communautés d'animaux prospéraient. Sur le site de Nilpena Ediacara, ces communautés sont particulièrement bien préservés, car la zone a été recouverte par une épaisse couche de sédiments qui a protégé les fossiles dont l'empreinte est gravée sur un substrat de grès. Pour étudier Obamus coronatus, les chercheurs ont choisi de le comparer à deux autres espèces retrouvées sur la même place : Tribrachidium et Rugoconites, dont la forme est tout aussi déconcertante, avec une symétrie tri-radiale, quoiqu'ils soient un peu plus gros.
Les chercheurs ont remarqué que la distribution des deux dernières espèces était aléatoire et qu'elles pouvaient être trouvées vivant en compagnie d'autres organismes similaires, mais pas dans tous les cas. Obamus quant à lui se trouvait préférentiellement en compagnie d'autres obamus et dans des zones où le tapis microbien et organique était le plus épais. "C'est vraiment le premier exemple d'une créature édiacarienne sélective de l'habitat, le premier exemple d'un animal macroscopique faisant cela", a déclaré, dans un communiqué, Phillip C. Boan, premier auteur de l'étude publiée dans la revue Paleobiology.
Un comportement pas encore expliqué des scientifiques
Mais comment un animal qui vivait fixé sur les fonds marins faisait-il pour choisir son habitat et se rapprocher de ses semblables ? Pour les auteurs de l'étude, ce sont les larves qui devaient lui permettre de se propager et de choisir son habitat. Mais ils préviennent que ce n'est qu'une hypothèse non étayée et que grosso modo, ils n'en savent en fait rien. D'autres fossiles permettront peut-être d'éclairer cette question mais ce n'est pas certain. Et il est impossible d'essayer d'observer des animaux actuels pour avoir des réponses : la faune de l'édiacarien a disparu sans laisser de descendance.
En effet, ces animaux, dont le nom fait référence aux collines d'Ediacara en Australie où ont été retrouvés les premiers fossiles (d'autres de la même époque sont maintenant connus en Chine), ont expérimenté des formes et des stratégies jamais revues depuis. Ils ont disparu vers -543 millions d'années en raison d'une baisse de biodiversité pas complètement expliquée. Quelques centaines de milliers d'années plus tard, la vie connaîtra un nouvel épisode radiatif avec l'apparition d'une grande variété de formes représentées par la faune de Burgess et dont certaines ont perduré pour former les êtres vivants actuels.
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