La relation entre le cerveau et le système
immunitaire ? Inexistante, pensait-on, sauf dans des cas pathologiques.
Or on découvre que les deux systèmes sont intimement liés. Une connexion
qui aurait une influence sur l’apprentissage et le comportement social.
Pendant des décennies, les manuels de biologie ont enseigné que les deux systèmes les plus compliqués de l’organisme – le cerveau et le système immunitaire – étaient quasiment isolés l’un de l’autre. Le cerveau gérait le fonctionnement du corps et le système immunitaire, sa défense. Chez les personnes en bonne santé, ils ne se rencontraient jamais. Seulement dans certaines maladies ou traumatismes, les cellules du système immunitaire pénétraient dans le cerveau et, dans ce cas, l’attaquaient.
Mais ces dernières années, une série de découvertes ont révolutionné la compréhension de ces deux systèmes. Les preuves accumulées indiquent que le cerveau et le système immunitaire interagissent en permanence, que l’on soit malade ou en bonne santé. Le système immunitaire vient en renfort en cas de lésion cérébrale, par exemple. Il aide aussi le cerveau à supporter le stress et participe à des fonctions cérébrales essentielles telles que l’apprentissage et le comportement social. Ce n’est pas tout. Le système immunitaire serait une sorte d’organe de surveillance qui détecte les microorganismes dans le corps et autour et en informe le cerveau, tout comme nos yeux transmettent des informations visuelles et nos oreilles, des signaux auditifs. En d’autres termes, le cerveau et le système immunitaire ne se contentent pas d’interagir plus souvent qu’on ne le pensait : ils sont intimement liés.
Les chercheurs ne sont qu’aux débuts de l’exploration de ce tout jeune champ foisonnant qu’est la neuro-immunologie. Mais déjà, il apparaît clairement qu’il est porteur de nouvelles pistes thérapeutiques. La réaction du cerveau aux informations immunologiques et la façon dont ces informations contrôlent les circuits cérébraux et les affectent pourraient être la clé pour comprendre nombre de maladies neurologiques – de l’autisme à la maladie d’Alzheimer. Jusqu’à présent, les efforts pour traiter ces maladies ont récolté des résultats décevants parce que la plupart des médicaments ne pénètrent qu’avec difficulté dans le cerveau. Les études de neuro-immunologie suggèrent que cibler le système immunitaire constituerait une stratégie plus efficace – une alternative très séduisante.
Une barrière et pourtant…
Pour comprendre l’importance de ces découvertes, il est utile de connaître les bases du fonctionnement du cerveau et du système immunitaire. Le cerveau est notre ordinateur de bord et notre principal régulateur. Avec la moelle épinière et plusieurs nerfs crâniens – l’ensemble constitue le système nerveux central –, il contrôle toutes les fonctions de l’organisme. Ses unités fonctionnelles sont les neurones, qui occupent environ la moitié du cerveau.Le cerveau humain compte près de 100 milliards de neurones que relient quelque 100 milliards de connexions, les synapses. Les neurones et divers types de cellules non neuronales, rassemblées sous le nom de glie, constituent le parenchyme cérébral, le tissu fonctionnel responsable du traitement de l’information. D’autres acteurs clés maintiennent l’intégrité de cette structure : les cellules stromales supportent les tissus parenchymateux, et les cellules endothéliales composent la paroi des vaisseaux sanguins qui alimentent le cerveau. Elles forment la barrière hématoencéphalique qui limite le passage des substances des autres régions de l’organisme vers le cerveau.
De son côté, le système immunitaire a deux composantes principales : l’immunité innée et l’immunité acquise. L’immunité innée est l’élément le plus primitif. Apparue il y a environ un milliard d’années chez les premières cellules, elle détecte et détruit les forces ennemies rapidement, mais sans grande précision. C’est la première ligne de défense de l’organisme contre les agents pathogènes, constituée de barrières physiques et chimiques et de cellules tueuses. L’immunité innée déclenche la réaction inflammatoire, dans laquelle les globules blancs envahissent le site d’infection et produisent des protéines qui induisent chaleur et gonflement, ce qui confine et détruit les agents pathogènes.
L’immunité acquise, apparue après la composante innée, englobe principalement des cellules, les lymphocytes T et B, capables de reconnaître un pathogène spécifique et de déclencher une attaque ciblée contre celui-ci. Dans un monde parfait, toutes les cellules de l’immunité acquise viseraient uniquement les agents pathogènes externes et ne toucheraient pas aux protéines ou cellules de l’organisme. Mais chez environ 1 % de la population, l’immunité acquise s’emballe et attaque les cellules de l’individu, causant des maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques, l’arthrite et certaines formes de diabète.
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