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Pour en savoir plus
E. Le Chatelier et al., Richness of human gut microbiome correlates with metabolic markers, Nature, doi : 10.1038/nature12506, 29 août 2013
A. Cotillard et al., Dietary intervention impact on gut microbial gene richness, Nature, doi : 10.1038/nature12480, 29 août 2013
S. Fang et R. M. Evans, Wealth management in the gut, Nature, vol. 500, pp. 538-539, 29 août 2013
L'auteur
Marie-Neige Cordonnier est journaliste à Pour la Science.
Si la plupart des personnes en surpoids ou obèses ont un métabolisme normal, certaines développent des maladies métaboliques telles que le diabète, des inflammations chroniques de l’intestin et des maladies cardiovasculaires. Pourquoi ? Et comment détecter ces personnes à risque ? Une clé serait peut-être la richesse de la flore intestinale, c’est-à-dire la diversité et l’abondance des bactéries qui peuplent l’intestin, ou microbiote. C’est ce que révèlent deux études internationales conduites par l’INRA, l’INSERM et l’UPMC.
La première, menée par le consortium international MetaHIT, montre que la diversité des bactéries intestinales influe sur l’obésité et ses complications. Les biologistes ont analysé la composition du génome des matières fécales de 292 adultes danois dont 169 obèses et comparé les séquences ADN obtenues à celles de génomes bactériens connus. Les trois quarts des individus étaient caractérisés par une grande richesse bactérienne, tant en diversité qu’en abondance, tandis que le quart restant présentait une flore intestinale pauvre, tant en espèces bactériennes qu’en abondance.
Si chaque groupe comportait des personnes obèses, celles-ci constituaient 80 pour cent du groupe caractérisé par une faible diversité bactérienne. En comparant les populations obèses des deux groupes, les biologistes ont observé que les personnes présentant une faible diversité bactérienne avaient une propension accrue à prendre du poids et à développer des complications liées à l’obésité : diabète de type 2, problèmes hépatiques, cardiovasculaires, inflammation chronique de l’intestin.
Ainsi, la pauvreté de la flore intestinale serait un témoin du risque de développer des complications liées à l’obésité. Un témoin dont la détection pourrait être facilitée par une découverte supplémentaire : il suffirait de mesurer l’abondance de huit bactéries, représentatives de la communauté bactérienne, pour différencier les flores intestinales pauvres et riches.
La seconde étude, menée par le consortium français MicroObes sur 49 adultes français obèses ou en surpoids, confirme ces résultats. Elle montre de plus qu’un régime pauvre en calories (pendant six semaines, suivi de six semaines de stabilisation) améliore d’une part l’état de santé des personnes (perte de poids, diminution du taux de cholestérol…) et, d’autre part, leur diversité bactérienne lorsque celle-ci était pauvre.
Est-ce parce que la diversité bactérienne augmente que l’état de santé des personnes s’améliore ? Ou la richesse de la flore intestinale n’est-elle que le témoin, à un instant donné, de la santé métabolique d’un individu ? C’est à cette question que s’attèlent à présent les chercheurs. Si la complexité du microbiote jouait un rôle dans la protection contre les maladies liées à l’obésité, elle offrirait alors, outre un outil d’aide au diagnostic, une piste intéressante de médecine préventive de ces pathologies.
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