La vaccination contre la grippe A (H1N1) a accru le risque de narcolepsie
santé - 29/10/2013 par Propos recueillis par Jean-Philippe Braly (473 mots)
Yves Dauvilliers, neurologue au CHU de
Montpellier et chercheur à l’Inserm, coordonne le Centre de Référence
Nationale « Maladies Rares Narcolepsie »
La Recherche : Vous cosignez une étude qui révèle que la campagne de vaccination massive contre la grippe A (H1N1) lors de la pandémie de l’hiver 2009-2010 a provoqué des cas de narcolepsie en France [1]. Comment avez-vous procédé ?
Yves Dauvilliers : Notre étude a porté sur 59 personnes ayant déclenché une narcolepsie après cette grande campagne de vaccination française. Ils souffraient des deux symptômes caractéristiques de la pathologie : une somnolence diurne excessive, et des pertes brutales de tonus musculaire (cataplexie).
Nous avons alors comparé leur historique médical (infections, types de vaccinations reçues contre diverses maladies…), avec celui de 135 non narcoleptiques du même âge, du même sexe et de la même zone géographique.
Résultat de cette analyse : le seul critère significatif qui différenciait les deux groupes était la vaccination contre la grippe A (H1N1) : 31 des 59 narcoleptiques l’avaient reçue (52,5 %), contre seulement 17,8 % dans le groupe témoin (24/135).
Au final, nos résultats montrent qu’avoir reçu cette vaccination multiplie par 4,7 le risque de développer une narcolepsie avec cataplexie chez l’adulte, et par 6,5 pour les moins de 18 ans. Ils confirment d’autres études ayant démontré ce lien dans différents pays européens.
Le risque reste quand même très faible : 60 personnes ont été diagnostiquées, pour 5,7 millions de personnes vaccinées.
Quelles conséquences pourraient avoir ces résultats ?
Y.D. : Certains malades espèrent à juste titre que notre étude marquera une avancée pour leur indemnisation par l’Etat. En effet, ce dernier avait établit une clause avec les groupes pharmaceutiques concernés spécifiant qu’en cas d’effets secondaires, la prise en charge des risques incomberait à l’acheteur.
Or c’est bien l’Etat qui a acheté des millions de doses de vaccins aux groupes pharmaceutiques concernés pour cette grande campagne vaccinale.
Toutefois, ce n'est pas parce que ces groupes ne sont pas responsables qu’ils ne doivent pas reconnaître a posteriori cet effet secondaire, et aussi indemniser les patients.
Comment expliquer ce lien entre vaccination contre le H1N1 et narcolepsie ?
Y.D. : Nous en sommes toujours aujourd’hui au stade des hypothèses. On suspecte notamment un des produits constitutifs du vaccin Pandemrix du laboratoire GSK majoritairement utilisé durant la pandémie de l’hiver 2009-2010 : un adjuvant nommé AS03 destiné à augmenter la réponse immunitaire au vaccin.
Mais les investigations se poursuivent afin de mieux comprendre les mécanismes biologiques qui pourraient expliquer cette augmentation du risque : on pense à un mimétisme moléculaire entre certaines protéines du cerveau et celles du vaccin, et aussi à une activation du système immunitaire plus ou moins spécifique détruisant certains neurones.
La Recherche : Vous cosignez une étude qui révèle que la campagne de vaccination massive contre la grippe A (H1N1) lors de la pandémie de l’hiver 2009-2010 a provoqué des cas de narcolepsie en France [1]. Comment avez-vous procédé ?
Yves Dauvilliers : Notre étude a porté sur 59 personnes ayant déclenché une narcolepsie après cette grande campagne de vaccination française. Ils souffraient des deux symptômes caractéristiques de la pathologie : une somnolence diurne excessive, et des pertes brutales de tonus musculaire (cataplexie).
Nous avons alors comparé leur historique médical (infections, types de vaccinations reçues contre diverses maladies…), avec celui de 135 non narcoleptiques du même âge, du même sexe et de la même zone géographique.
Résultat de cette analyse : le seul critère significatif qui différenciait les deux groupes était la vaccination contre la grippe A (H1N1) : 31 des 59 narcoleptiques l’avaient reçue (52,5 %), contre seulement 17,8 % dans le groupe témoin (24/135).
Au final, nos résultats montrent qu’avoir reçu cette vaccination multiplie par 4,7 le risque de développer une narcolepsie avec cataplexie chez l’adulte, et par 6,5 pour les moins de 18 ans. Ils confirment d’autres études ayant démontré ce lien dans différents pays européens.
Le risque reste quand même très faible : 60 personnes ont été diagnostiquées, pour 5,7 millions de personnes vaccinées.
Quelles conséquences pourraient avoir ces résultats ?
Y.D. : Certains malades espèrent à juste titre que notre étude marquera une avancée pour leur indemnisation par l’Etat. En effet, ce dernier avait établit une clause avec les groupes pharmaceutiques concernés spécifiant qu’en cas d’effets secondaires, la prise en charge des risques incomberait à l’acheteur.
Or c’est bien l’Etat qui a acheté des millions de doses de vaccins aux groupes pharmaceutiques concernés pour cette grande campagne vaccinale.
Toutefois, ce n'est pas parce que ces groupes ne sont pas responsables qu’ils ne doivent pas reconnaître a posteriori cet effet secondaire, et aussi indemniser les patients.
Comment expliquer ce lien entre vaccination contre le H1N1 et narcolepsie ?
Y.D. : Nous en sommes toujours aujourd’hui au stade des hypothèses. On suspecte notamment un des produits constitutifs du vaccin Pandemrix du laboratoire GSK majoritairement utilisé durant la pandémie de l’hiver 2009-2010 : un adjuvant nommé AS03 destiné à augmenter la réponse immunitaire au vaccin.
Mais les investigations se poursuivent afin de mieux comprendre les mécanismes biologiques qui pourraient expliquer cette augmentation du risque : on pense à un mimétisme moléculaire entre certaines protéines du cerveau et celles du vaccin, et aussi à une activation du système immunitaire plus ou moins spécifique détruisant certains neurones.
Par Propos recueillis par Jean-Philippe BralyS
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire