Le fossé entre humains et chimpanzés se réduit
vie - 12/02/2015 par Bérénice Robert (574 mots)
Pour la première fois, un groupe de chimpanzés en
captivité a réussi à s’intégrer à un autre groupe, en adoptant sa façon
de s’exprimer. Une situation exceptionnelle.
Les chimpanzés possèdent la capacité
d’adapter leurs cris à la communauté dans laquelle ils vivent, à
l’instar des humain. C’est ce qu’a révélé une équipe suisse et
britannique, après avoir étudié deux groupes de ces primates pendant
trois ans. « Nous savions seulement qu’il existait chez les animaux
des cris spécifiques pour désigner certains objets de l’environnement,
en particulier pour la nourriture », explique Simon Townsend,
de l’Université de Zürich et coauteur de l’étude. Par exemple, les
chimpanzés indiquent par leurs cris qu’ils aiment ou pas tel ou tel
aliment. Ces cris sont spécifiques à chaque groupe de chimpanzés
(caractérisé par leur territoire). Et une fois que l’animal les a acquis
au sein de son groupe, c’est irréversible, il ne pourra pas s’exprimer
autrement. Du moins, c’est ce qu’on pensait jusqu’à maintenant.
Car pour la première fois, l’équipe de Katie Slocombe, de l’Université de York, a constaté une adaptation des cris d’un groupe à ceux d’un autre lors de la fusion de deux groupes de chimpanzés. Pour en arriver à ces observations, elle a rassemblé, au zoo d’Edimbourg, deux communautés de neuf chimpanzés, la première étant originaire du zoo, et l’autre, celle des “chimpanzés migrants”, provenant d’un zoo néerlandais. « Nous avons intégré le groupe de chimpanzés néerlandais progressivement au groupe d’Edimbourg, pour qu’ils apprennent à se tolérer. Car normalement, les chimpanzés ne migrent pas, ce sont des animaux très territorialisés », souligne Simon Townsend.
Les spécialistes en psychologie cognitive se sont ensuite focalisés sur les grognements désignant la pomme. Au début de l’expérience, en 2010, les deux groupes d’animaux avaient une même aversion pour le fruit, mais deux cris bien distincts pour l’exprimer. « Au bout de trois ans, alors que les deux groupes avaient fini par se tolérer, et même à ne faire plus qu’un, nous avons constaté que les vocalisations des singes migrants faisant référence à la pomme étaient devenues quasiment identiques à celles des singes d’Edimbourg », indique le spécialiste.
Ici, vous pouvez entendre le cri de Frek (ci-dessus) , un des chimpanzés néerlandais, en 2010, et là son évolution en 2013.
A titre de comparaison, voici celui de Lucy, une femelle du zoo d'Edimbourg, en 2010 et en 2013. (Ci-dessus, Cindy, une femelle du groupe d'Edimbourg comme Lucy).
Selon Nicolas Claidière, du CNRS et auteur d’une étude sur la capacité d’évolution culturelle des babouins, « ce qui s’est passé avec ces singes est tout à fait nouveau et unique. Observer la convergence des vocalisations dans le domaine de la nourriture est en effet très difficile. C’est une situation exceptionnelle, ce qui est aussi sa limite ». En effet, cela n’a aucune chance de se produire en milieu naturel, puisque les singes ne migrent pas.
« Avec cette expérience, nous avons démontré que le fossé qui sépare les humains et les chimpanzés est moins important que ce que nous pensions, renchérit Simon Townsend. Notre ancêtre commun, qui a vécu il y a 7 millions d’années, avait probablement cette capacité d’apprentissage social. Cela nous permet d’avoir une meilleure connaissance de l’évolution ».
Maintenant, reste à comprendre pourquoi les singes ont adapté leur façon de s'exprimer. « Est-ce pour être mieux accepté ? Ou seulement mieux compris ? », s’interroge Simon Townsend, qui conclut : « Il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine ».
Car pour la première fois, l’équipe de Katie Slocombe, de l’Université de York, a constaté une adaptation des cris d’un groupe à ceux d’un autre lors de la fusion de deux groupes de chimpanzés. Pour en arriver à ces observations, elle a rassemblé, au zoo d’Edimbourg, deux communautés de neuf chimpanzés, la première étant originaire du zoo, et l’autre, celle des “chimpanzés migrants”, provenant d’un zoo néerlandais. « Nous avons intégré le groupe de chimpanzés néerlandais progressivement au groupe d’Edimbourg, pour qu’ils apprennent à se tolérer. Car normalement, les chimpanzés ne migrent pas, ce sont des animaux très territorialisés », souligne Simon Townsend.
Les spécialistes en psychologie cognitive se sont ensuite focalisés sur les grognements désignant la pomme. Au début de l’expérience, en 2010, les deux groupes d’animaux avaient une même aversion pour le fruit, mais deux cris bien distincts pour l’exprimer. « Au bout de trois ans, alors que les deux groupes avaient fini par se tolérer, et même à ne faire plus qu’un, nous avons constaté que les vocalisations des singes migrants faisant référence à la pomme étaient devenues quasiment identiques à celles des singes d’Edimbourg », indique le spécialiste.
Ici, vous pouvez entendre le cri de Frek (ci-dessus) , un des chimpanzés néerlandais, en 2010, et là son évolution en 2013.
A titre de comparaison, voici celui de Lucy, une femelle du zoo d'Edimbourg, en 2010 et en 2013. (Ci-dessus, Cindy, une femelle du groupe d'Edimbourg comme Lucy).
Selon Nicolas Claidière, du CNRS et auteur d’une étude sur la capacité d’évolution culturelle des babouins, « ce qui s’est passé avec ces singes est tout à fait nouveau et unique. Observer la convergence des vocalisations dans le domaine de la nourriture est en effet très difficile. C’est une situation exceptionnelle, ce qui est aussi sa limite ». En effet, cela n’a aucune chance de se produire en milieu naturel, puisque les singes ne migrent pas.
« Avec cette expérience, nous avons démontré que le fossé qui sépare les humains et les chimpanzés est moins important que ce que nous pensions, renchérit Simon Townsend. Notre ancêtre commun, qui a vécu il y a 7 millions d’années, avait probablement cette capacité d’apprentissage social. Cela nous permet d’avoir une meilleure connaissance de l’évolution ».
Maintenant, reste à comprendre pourquoi les singes ont adapté leur façon de s'exprimer. « Est-ce pour être mieux accepté ? Ou seulement mieux compris ? », s’interroge Simon Townsend, qui conclut : « Il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine ».
Par Bérénice Robert
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