Non, 65 % des cancers ne sont pas le fruit du hasard !
santé - 10/02/2015 par Jean-Philippe Braly (368 mots)
Edouard
Hannezo, chercheur à l’Université de Cambridge, au Royaume-Uni,
explique pourquoi l'idée que deux tiers des cancers seraient le fruit du
hasard est une interprétation erronée d'une étude parue dans Science.
A en croire la revue Science, une étude parue dans ses colonnes montre que deux tiers des cancers seraient le fruit du hasard. Est-ce vraiment le cas ?
Edouard Hannezo, de l'Université de Cambridge. Non, cette interprétation relayée dans de nombreux médias est totalement fausse ! Chercheurs à l’université américaine Johns-Hopkins, les deux auteurs de l'étude ont en fait cherché à expliquer pourquoi certains organes sont davantage touchés par des cancers. A titre d'exemple, les cancers du côlon sont 25 fois plus fréquents que ceux de l’intestin grêle, deux organes a priori exposés à des facteurs cancérigènes comparables. (…)
Alors, qu’ont-ils réellement découvert ?
E.H. Les deux chercheurs ont d'abord recueilli toutes les données scientifiques fiables sur le nombre et la dynamique des cellules souches. Au total, ils ont pu obtenir ce type de données pour 31 types de tissus de divers organes : poumon, côlon, œsophage, cerveau, peau, etc. Une analyse mathématique et statistique poussée a ensuite révélé que sur l'ensemble d'une vie, le nombre de divisions des cellules souches varient beaucoup d'un organe à l'autre (de 106 à 1013). Mais elle a surtout mis en évidence une corrélation très nette entre ce nombre de divisions propre à chaque organe, et la fréquence du cancer de cet organe dans la population américaine. Ainsi, à elle seule, cette variable "nombre de divisions des cellules souches" expliquerait 65 % des écarts de fréquences entre les 31 cancers spécifiques à ces tissus. Mais attention, cela ne veut pas dire que 65 % des cancers sont le fruit du hasard ! (…)
Cette étude ne remet donc pas en cause les actions de prévention ?
E.H. Absolument pas ! Imaginons que côlon et œsophage soient exposés à la même substance cancérigène. Il y aura toujours ce facteur dix de différence, mais le risque de cancer augmentera bel et bien pour chaque organe. Rien n’empêche donc de diminuer chaque risque individuel. (…)
L’entretien est à retrouver dans son intégralité dans le prochain numéro de La Recherche, en kiosque le 19 février.
Edouard Hannezo, de l'Université de Cambridge. Non, cette interprétation relayée dans de nombreux médias est totalement fausse ! Chercheurs à l’université américaine Johns-Hopkins, les deux auteurs de l'étude ont en fait cherché à expliquer pourquoi certains organes sont davantage touchés par des cancers. A titre d'exemple, les cancers du côlon sont 25 fois plus fréquents que ceux de l’intestin grêle, deux organes a priori exposés à des facteurs cancérigènes comparables. (…)
Alors, qu’ont-ils réellement découvert ?
E.H. Les deux chercheurs ont d'abord recueilli toutes les données scientifiques fiables sur le nombre et la dynamique des cellules souches. Au total, ils ont pu obtenir ce type de données pour 31 types de tissus de divers organes : poumon, côlon, œsophage, cerveau, peau, etc. Une analyse mathématique et statistique poussée a ensuite révélé que sur l'ensemble d'une vie, le nombre de divisions des cellules souches varient beaucoup d'un organe à l'autre (de 106 à 1013). Mais elle a surtout mis en évidence une corrélation très nette entre ce nombre de divisions propre à chaque organe, et la fréquence du cancer de cet organe dans la population américaine. Ainsi, à elle seule, cette variable "nombre de divisions des cellules souches" expliquerait 65 % des écarts de fréquences entre les 31 cancers spécifiques à ces tissus. Mais attention, cela ne veut pas dire que 65 % des cancers sont le fruit du hasard ! (…)
Cette étude ne remet donc pas en cause les actions de prévention ?
E.H. Absolument pas ! Imaginons que côlon et œsophage soient exposés à la même substance cancérigène. Il y aura toujours ce facteur dix de différence, mais le risque de cancer augmentera bel et bien pour chaque organe. Rien n’empêche donc de diminuer chaque risque individuel. (…)
L’entretien est à retrouver dans son intégralité dans le prochain numéro de La Recherche, en kiosque le 19 février.
Par Jean-Philippe Braly
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire